A l'occasion de la réouverture du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, après plusieurs années de rénovation, ce dernier présente une très belle exposition qui nous a donné l'opportunité de redécouvrir Hans Hartung, peintre allemand, qui s'est engagé dans la Légion étrangère française au début de la dernière guerre, et qui a vécu plusieurs années à Arcueil...
"La dernière rétrospective dans un musée français datant de 1969, il était important de redonner à Hans Hartung (1904-1989) toute la visibilité qu’il mérite. L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’œuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction.
Acteur d’un siècle de peinture, qu’il traverse avec une soif de liberté à la mesure des phénomènes qui viennent l’entraver – de la montée du fascisme dans son pays d’origine l’Allemagne à la précarité de l’après-guerre en France et à ses conséquences physiques et morales – jamais, il ne cessera de peindre.
Nous consacrerons ce premier billet à la période qui va jusqu'à la guerre, en commençant par quelques tableaux de sa prime jeunesse :
T1921-2 : D'après le 3 mai de Goya II, huile sur carton (1921)
Autoportrait de 1922
Le Grand cheval, huile sur carton, 1922
T1922-1 Danse des bacchantes autour d'un nu couché, huile sur papier kraft marouflé sur panneau, 1922
Trois personnes assises, le Kokoschka, huile sur panneau de bois contreplaqué, 1923
Des aquarelles sur papier de 1922,
Des craies noires, fusains ou sanguines sur papier, tous de 1923
Stintek I, maisons devant la digue, huile sur panneau de bois contreplaqué, 1925
Leucate, ma cabane grise, huile sur panneau de bois, 1927
A partir de 1932, Hartung poursuit une création exclusivement abstraite. La dissolution du référent, la construction de l'espace par plans, sans hiérarchie entre le fonds et les formes, témoignent de l'héritage du cubisme dans son oeuvre.
T1933-3, huile sur toile, 1933
T1935-1, huile sur toile, 1935
T1934-2, huile sur toile, 1934
T1936-11, huile sur toile, 1936
T1937-1, huile sur toile, 1937
T1937-17, huile sur toile, 1937
Sans titre, aquarelle sur papier, 1932
T1936-2, huile sur toile, 1936
T1938-12, huile sur panneau celotex, 1938
T1938-29, huile sur panneau celotex, 1938
T1938-30, huile sur bois, 1938
T1938-2, huile sur toile, 1938
Le seul collage de l'exposition, réalisé en 1938 dans l'atelier de Julio González (1876-1942), sculpteur et peintre né à Barcelone, venu en France dès la fin des années 1890 et définitivement installé en France à partir de 1904. Hans Hartung le rencontre en 1937, année où González installe son atelier à Arcueil, il épousera sa fille Roberta en 1938.
T1938-16, collage sur panneau de bois, 1938
C'est aussi sous la conduite de González et dans son atelier que Hartung réalisera sa seule sculpture :
Sans titre, fer, 1938
A la différence de González, qui maintient le rapport à la figure humaine, Hartung s'affranchit de tout référent.
Encore quelques œuvres de 1938 :
Sans titre, pastel, fusain et craie noire sur papier
T1938-3, huile sur bois, 1938
T1938-6, huile sur panneau celotex, 1938
Trois oeuvres sans titre, crayon et pastel sur papier de 1939 :
Trois œuvres sans titre, gouache et crayon sur papier de 1940 :
Têtes, gouache sur papier, 1940
Pendant la guerre, principalement en 1940, Hartung peint plus de quatre-vingts têtes. Bouche ouverte et langue tirée, yeux écarquillés, elles expriment à la fois le désarroi et la colère. Ces gouaches évoquent la fureur et l'effroi des civils tués dans Guernica de Pablo Picasso (1937), mais aussi les sculptures sur le thème de la Montserrat réalisées par Julio González en hommage aux souffrances du peuple pendant la guerre d'Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, Hartung minore leur importance et les montre peu : elles auraient été produites pour "faire plaisir à ses proches", selon ses mots, dans un contexte où, précise-t-il, "tout lui était plus ou moins indifférent".
Dessins-écritures
Les années de guerre sont marquées par une pratique obstinée du crayon et de l'encre sur papier. En 1942, alors qu'il a trouvé refuge chez les González dans le Lot, Hartung réalise des motifs calligraphiques dont certains lui serviront de source pour les œuvres de l'immédiat après-guerre.
Terminons cette première partie avec cet autoportrait de 1943, crayon sur papier.