Nous proposons au lecteur un aperçu des richesses découvertes au cours d'une promenade patrimoniale organisée le 10 juin dernier par la Société d'Émulation du département des Vosges, sous la houlette de son vice-président, notre ami Jean-Pierre Doyen.
Elle débutait dans la petite ville de Vézelise, avec son église Saint Côme et Saint Damien, construite entre 1428 et 1521, chef d'œuvre du gothique flamboyant lorrain.
Son clocher à la flèche torse si particulière, son chevet aux contreforts qui présentent une succession de larmiers.
Son grand portail de style renaissance, extrêmement ouvragé
Quelques détails des vantaux du portail
L'architecture intérieure, de la nef au chœur, présente une belle unité de style flamboyant. On aperçoit au fond un orgue, commandé en 1772 au facteur nancéien Georges Küttinger pour l'abbaye cistercienne de Beaupré, près de Lunéville et acheté en juin 1792 par le maire de Vézelise, ainsi que la tribune qui le soutient.
On trouve dans les bas-côtés des clés de voûte qui rappellent les corporations qui y avaient leurs chapelles : de haut en bas les bouchers, les bonnetiers, les cordonniers.
Les vitraux du chœur forment un ensemble Renaissance unique, même s'ils ont subi quelques remaniements au cours des siècles.
Quelques scènes :
Sur la baie axiale n°0, un décor de putti dans le registre supérieur ; plus bas un registre avec Saint-Jean-Baptiste et la décollation de Sainte Barbe ; au registre en bas, le duc Antoine dit Le Bon, duc de Lorraine et de Bar de 1508 à 1544, et sainte Marguerite d'Antioche, sortant du dragon diabolique qui l'avait avalée.
Dans la baie n°1, un registre avec Sainte Barbe et Saint Roch, qui montre son bubon pesteux à la cuisse , un autre avec Saint Nicolas et un Christ au manteau.
En haut de la baie N°2, une nativité avec sur la droite une saynète en grisaille figurant l'appel aux bergers
Dans la baie n°3, une très belle fuite en Égypte, agrémentée d'une saynète du Miracle des Blés à gauche de la tête de Saint Joseph
Terminons avec trois registres de la baie n°6, où l'on remarquera, dans le registre le plus haut, à gauche la lactation de Saint Bernard de Clairvaux (*) et à droite l'Annonciation, et dans celui immédiatement inférieur Saint Pierre tenant une énorme clé avec le donateur Pierre Thélod et Sainte Marie-Madeleine avec la donatrice Madeleine Symier, épouse de Pierre Thélod,
(*) Saint Bernard demande à la Vierge de montrer qu'elle est mère. Celle-ci presse son sein et le filet de lait qui en sort se pose sur les lèvres du saint.
Un petit tour en ville : dans le prolongement même de l'hôtel de ville du XVIIIe siècle, de magnifiques halles en bois du XVIe siècle construites par Nicolas La Hière sous l'ordre de Charles III (ne pas confondre !) duc de Lorraine et de Bar de 1545 à 1608. L'animation du samedi matin montre qu'elles ont conservé leur fonction première.
Un chef d'œuvre de l'architecture de la Renaissance lorraine, malheureusement en mauvais état, l'hôtel que fit construire en 1546 François de Tavagny, jeune cavalcadeur milanais entré au service du duc Antoine de Lorraine après la bataille de Marignan et fait bailli du comté de Vaudémont, qu'on retrouvera plus loin dans ce billet.
Quelques détails
Quittons Vézelise avec un coup d'œil sur un hôtel du XVIIIe moins intéressant mais en bien meilleur état et qui nous rappelle la demeure de notre enfance...
et poursuivons avec quelques images des étapes suivante de ce beau circuit au pied de la Colline inspirée...
Ormes
Son église Saint-Rémi, avec son clocher-tour roman et son portail certes plus rustique que celui de Vézelise
Les saints de vantaux du portail ont été "décapités" à la Révolution, mais on a tenu à garder leur fonction décorative...
Des détails intéressants :
- Le plafond de la chapelle castrale - aujourd'hui sacristie - avec ses médaillons
- les stalles du XVIIIe siècle récupérées d'un couvent voisin
- un tableau classé de 1613, Notre-Dame des Ermites
- une vierge de piété de la deuxième moitié du XVIe siècle, peinte
- un beau Christ en croix du premier quart du XVIIe siècle, en bois peint
Forcelles Saint-Gorgon
L'église de la Conversion-de-Saint-Paul
Le chœur à deux travées, une droite voûtée d'ogives et une voûtée en cul-de-four, l'abside polygonale à cinq pans, et le clocher datent du XIIe siècle ; la nef est du XVIe siècle ; le clocher fut restauré en 1725.
La nef, même modeste, est encore un bel exemple de gothique flamboyant lorrain.
Le chœur, même avec ses couleurs un peu criardes, est d'un beau roman, notamment les chapiteaux ornés de palmettes.
Château d'Étreval
"Afin de s’y réfugier en temps de peste", François de Tavagny, dont nous avons parlé plus haut à propos de son hôtel à Vézelise, avait fait bâtir dès 1532 deux corps de logis (au Nord et à l’Ouest) dans un ouvrage plus ancien datant probablement de la fin du XVème.
Sa façade Renaissance est d'une grande harmonie
Quelques détails où on retrouve les gargouilles de l'hôtel de Tavagny à Vézelise - du moins celles qui ont survécu...
Sur le côté, on aperçoit une des tours de la façade Nord, austère et à caractère défensif. Cette façade fait l'objet d'une campagne de restauration supportée par la Fondation du Patrimoine : n'hésitez pas à soutenir ce beau projet et la famille Martin qui conserve ce joyau du patrimoine lorrain depuis 1841.
Puxe
Ici encore, une église romane lorraine, remaniée à l'époque du gothique flamboyant.
Très beau portail roman, au tympan curieusement orné, avec des chapiteaux très ouvragés malgré leur état assez dégradé.
Belle nef gothique flamboyante, que les statues saint-sulpiciennes et les suspensions "modernes" peinent à enlaidir, et beau chœur roman (du moins à la base)
Les décorations romanes de la partie inférieure du chœur sont particulièrement élégantes.
Fin et point d'orgue de cette belle journée, Battigny
Son église Saint-Germain, baignée par la lumière du soleil couchant, domine le village et la plaine, avec la colline de Sion-Vaudémont en arrière-plan.
De beaux décors romans courent encore le long des murs de la nef
Mais c'est surtout les peintures murales du XVIe siècle qui retiennent l'attention. Sur la face nord de le nef, Le Dit des trois Morts et des trois Vifs (on voit surtout les vifs !)
Saint Côme et Saint Damien
Une Annonciation
Saint Nicolas et Saint Éloi
Et pour conclure ce billet, l'ensemble figurant sur la voûte du chœur :
Les quatre évangélistes dans trois des intrados :
Luc et Marc
Jean
Mathieu
et dans celui du fond, un Christ en majesté.