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5 août 2023 6 05 /08 /août /2023 08:00

Nous avons déjà eu l'occasion du présenter au lecteur il y a quelques années, alors que commençait son réaménagement, l'Atelier des Capucins à Brest (voir notre billet du 2 septembre 2018). La transformation de cet immense atelier de l'Arsenal de Brest, cédé en 2009 à la Ville par la Marine nationale qui occupait ce plateau depuis 1791, en un gigantesque centre culturel est à présent achevée et sa fréquentation est impressionnante - surtout les jours assez nombreux cet été où le temps est plus que maussade...Nous donnerons d'abord un aperçu d'une intéressante exposition qui s'y déroule, proposée par l’Université de Bretagne Occidentale.

"L’une était un port militaire, l’autre était un joyau baroque de la Saxe. Leur destruction lors de la Seconde Guerre mondiale leur donne une destinée commune, mais leurs situations géopolitiques après 1945 les entrainent dans des logiques de reconstruction distinctes. Comparant trois siècles de projets réalisés ou rêvés, Brest-Dresde invite à réfléchir sur la singularité de chaque ville face aux enjeux d’aujourd’hui."

Le passé

Deux belles images des deux villes au XVIIIe siècle

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

La naissance de l'urbanisme - Die Geburt der Stadtplanung

À Brest, l'avènement de l'âge industriel entraîne des modifications importantes dans le port militaire qui cherche à s'accroître au détriment du commerce et de la pêche. Les aménagements paysagers sans précédent, la construction de gigantesques ateliers navals et les équipements modernes de la Marine auront raison de la ville qui se replie progressivement. En 1865, la Penfeld devient un port définitivement fermé aux civils.
Jusqu'en 1861 Brest est comme coupée en deux : l'accès à Recouvrance est difficile car aucun pont ne relie les deux rives de la Penfeld. Des projets audacieux qui essayent de réconcilier l'usage militaire du port et l'usage civil du passage d'une rive à l'autre aboutiront à la construction d'un pont tournant.
Pendant un siècle, les Brestois, conscients des atouts géographiques de leur ville, caressent le rêve d'un port transatlantique qui contrebalancerait l'emprise maritime de l'armée. Ce projet du « port le plus vaste du monde » qui aurait nécessité des comblements importants ne resta qu'une utopie face à la concurrence d'autres villes françaises. Néanmoins il complète la mosaïque de l'imaginaire océanique de Brest.
Du côté de la terre, Brest commence à étouffer dans l'intra-muros. L'afflux de la main d'œuvre rurale nécessite l'agrandissement de la ville au-delà de ses fortifications qui sont de plus en plus subies par la population. Le quartier de Saint-Martin (dit d'abord Annexion) résulte du désir de la municipalité de créer une extension dotée de tous les équipements indispensables (non seulement l'église, mais aussi l'école, les halles, le lavoir). Brest commence sa croissance fragmentaire et tentaculaire sur les terres agricoles où se construisent les fabriques et les habitations. Se posera aussi la question de la jonction avec la ville de Quimper (siège de la préfecture) et donc du franchissement de la rivière Elorn qui se jette dans la rade de Brest.

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

Le XIXe siècle, marqué par des progrès scientifiques et technologiques importants, voit le développement des villes s'accélérer. L'industrialisation provoque l'exode rural : les villes attirent une population de plus en plus nombreuse. Cet exode est facilité par le développement des chemins de fer qui ont un fort impact sur l'anatomie urbaine. À Dresde, l'énergie constructive de la noblesse est remplacée par celle des entrepreneurs fabricants de tabac, chicorée, sucre, chocolat, mécanique de précision, caméras, produits cosmétiques... Ils imposent une nouvelle vision de la ville : celle de la ville efficace. L'économie florissante est tributaire de la main d'oeuvre nombreuse et des échanges multiples. La mobilité devient alors un thème récurrent des discussions urbanistiques car elle ne cessera de modeler la ville en augmentant son périmètre construit. Pour freiner la croissance chaotique, la nécessité de planification urbaine concertée s'impose aux décideurs municipaux. La discipline qu'on allait appeler l'urbanisme est née au XIXe siècle précisément.
Quoique Dresde possède déjà un pont remarquable, d'autres devront être construits pour faire face aux défis de la modernité. Les travaux d'ampleur colossale imposent de se battre contre les éléments de la nature avec les moyens techniques innovants, deviennent un nouveau sujet de représentation pour générer peu à peu l'image d'une ville en construction permanente.
L'esthétique de ces réalisations hardies est résolument tournée vers l'avenir. Le pont suspendu qui relie les quartiers Blasewitz et Loschwitz recevra le nom admiratif de « Miracle bleu », la couleur étant celle de sa structure métallique apparente. Non loin de lui, la Schwebebahn - un des premiers monorails suspendus du monde - voit le jour en 1901. Le quartier qui se développe sur les collines environnantes (désormais facilement accessibles) est celui des sanatoriums où on soigne la tuberculose - le mal du siècle favorisé par les taudis urbains. Ces établissements de santé font la nouvelle renommée de Dresde, ville où l'hygiène sera bientôt célébrée à l'échelle internationale grâce à l'entremise de l'industrie chimique florissante.

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

La modernité à l'œuvre - Die Moderne am Werk

À Brest, la ville par laquelle le jazz arrive en Europe, la modernité architecturale pénètre à petits pas, parfois de façon agressive comme le tram qui s'invite dans l'étroite rue de Siam. De l'entre-deux guerres, on peut retenir quelques belles réalisations isolées insérées dans le dense tissu urbain, et empreintes souvent de l'esthétique Art déco : la gare, le vaste hôpital ou encore trois immeubles d'habitation construits par Aimé Freyssinet. Son frère Eugène, l'ingénieur inventeur du béton précontraint, marquera les esprits en réalisant sur l'Elorn un pont qui permettra enfin de relier Brest au sud de la péninsule bretonne par une voie terrestre appropriée. Une prouesse technique d'esthétique moderne qui semble sonner le glas au pittoresque historique ! Aux yeux des civils de passage, Brest apparaît comme une ville paradoxale à l'image de ses grandes marées : une ville aux mille possibilités mais » assoupie dans un sommeil provisoire », une ville déchirée entre le souvenir d'un glorieux passé marin matérialisé par d'inaccessibles terrains militaires et les impératifs futurs qui se font déjà sentir dans tous les domaines.
Dans cette ville qui souffre d'insalubrité, les efforts se multiplient pour améliorer la qualité de vie des ouvriers. La construction des logements sociaux (Habitations à Bon Marché) démarre timidement pour donner naissance à un nouveau quartier populaire.
Pour l'architecte municipal Georges Milineau l'articulation de ces extensions avec la ville ancienne représentait un véritable casse-tête. Son plan de 1920 prévoyait la destruction des remparts afin de créer un nouveau centre-ville et des zones de verdure qui auraient permis à la ville de respirer. Il ne se faisait pas d'illusions quant à la faisabilité rapide de ce projet car détruire l'œuvre solide de Vauban représentait un coût très important pour la municipalité. La guerre se chargera d'accélérer cette opération urbanistique compromise. Ironiquement,

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

Le début du XXe siècle est caractérisé par l'élan optimiste de la Belle Époque jusqu'à ce que la Grande Guerre le brise. Les deux décennies suivantes, vécues différemment en Allemagne (pays vaincu) et en France (pays célébrant la victoire), sont capitales pour la réflexion sur la ville moderne qui est menée collectivement par les architectes et les urbanistes de l'Europe entière. Le mouvement hygiéniste né au XIXe siècle rencontra un accueil très favorable dans les milieux de l'architecture moderne. À Dresde, plus encore que dans d'autres villes allemandes, on prône l'accès à la lumière dans les logis, à l'air frais et à la présence de la verdure dans les rues, aux stades et aux piscines. La planification urbaine intègre ces exigences dans les nouveaux quartiers, mais il est plus difficile d'y répondre dans la ville déjà construite où, de surcroît, se pose la question épineuse de la gestion du trafic et de l'articulation de l'ancien et du moderne. Dans les années 1920 se dessine une ville périurbaine fonctionnelle à l'aspect uni, avec verdure, axes droits et façades alignées, lisses, sans ornements et dotées parfois de surfaces vitrées importantes. Dresde, par son activité artistique continue, séduit les architectes renommés et inventifs. Certains, comme Peter Birkenholz, osent des formules inédites, restées cependant au stade du prototype expérimental.
Avant l'avènement du Troisième Reich (1933), Dresde se profile comme une ville moderne qui a su tirer profit de son attractivité historique et de sa compétitivité économique pour se réinventer.

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

La destruction

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

Après l'Apocalypse - Nach der Apokalypse

Brest se transforme pendant une décennie en un gigantesque chantier. Le port militaire qui n'a pas perdu son intérêt stratégique doit être rapidement remis en service, la ville déblayée des ruines, les anciens ponts réparés ou reconstruits, de nouveaux ponts construits.
La population qui a dû quitter la ville pendant la guerre revient en nombre pour participer à la reconstruction. Le problème du logement est résolu grâce aux baraques livrées pour beaucoup en kit par les pays alliés (notamment les USA). Elles offrent le confort moderne (eau courante, électricité) à un prix de loyer défiant toute concurrence. L'inévitable promiscuité incite à une vie en communauté où la solidarité de voisinage apporte une valeur ajoutée au quotidien.
Une ville provisoire, sans noms de rues mais avec un système de numérotation des logis, s'est ainsi développée autour de la ville historique et dans ses interstices. Solution temporaire, elle devient le décor de vie de toute une génération. Les habitants des baraques auront souvent du mal à s'en aller pour s'installer dans les « fleurs en béton » (tours et barres d'immeubles) qui poussent autour de la ville reconstruite. Les dernières baraques seront détruites en 1976 seulement, bien au-delà de la date officielle de la fin de la Reconstruction en France. Elles font désormais partie d'un souvenir qui s'estompe : celui d'une deuxième ville détruite.

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Baraques du Polygone à Brest (Archives municipales de Brest)

Baraques du Polygone à Brest (Archives municipales de Brest)

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

À Dresde, la population est hostile à l'idée de raser la ruine de la Frauenkirche qui s'élève au milieu de la ville anéantie par les bombes. Sous la houlette du maire Walter Weidauer, les efforts sont déployés par les soldats de l'armée rouge pour reconstruire à l'identique le Zwinger (attraction touristique majeure), mais le reste du centre-ville historique restera pendant quatre décennies à venir un vaste terrain abandonné à la pelouse.
Un concours d'idées est pourtant lancé dès 1946 pour imaginer la ville nouvelle (« Das neue Dresden ») où les projets d'architectes renommés côtoient ceux des amateurs qui rêvent leur ville future. Un geste idéologique précoce qui veut faire croire aux habitants du pays et aux observateurs étrangers qu'une concertation est à l'œuvre dans la reconstruction...
Dans la ville historique, les années 1950 donneront surtout lieu à un aménagement urbain dans le goût du réalisme socialiste (doctrine officielle de la période stalinienne) : la place du Vieux marché (Altmarkt) sera bordée d'imposants « palais des travailleurs » et longée d'une large avenue conçue pour les défilés qu'affectionne le nouveau régime, un élément urbanistique obligatoire pour toutes les grandes villes de la RDA.

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

Remises en cause - In Frage gestellt

Au cours des années 1980 émerge l'idée d'une reconstruction du cœur de la ville historique de Dresde (la place du Marché neuf - Neumarkt). Des séminaires internationaux et des concours sont organisés qui font rêver de la possibilité d'une reconstruction « à l'identique », c'est-à-dire d'une architecture qui rappellerait celle de l'illustre époque historique: baroque (XVIIIe siècle) et éclectique. (XIXe siècle). C'est une solution qui a été d'emblée adoptée après la guerre dans certaines villes européennes (Varsovie, Gdansk, Saint-Malo par exemple). À Dresde ces projections utopiques se heurtent à la réalité bâtie et aux considérations économiques.
Toutefois, après la chute du mur de Berlin, la donne politique et économique change et la population de Dresde s'organise pour que le rêve devienne réalité. La démolition de l'imposante extension en béton du siège de la police libère la place pour la reconstruction époustouflante de la Frauenkirche dont la première pierre est posée en 1994. Les discussions porteront ensuite sur l'entourage de cet édifice emblématique des heures glorieuses de Dresde qui réactive un imaginaire occulté, adapté aux intérêts économiques actuels (tourisme culturel).

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

En quête d'un nouvel imaginaire urbain, Brest, empêtrée dans son malaise, cherche à redynamiser son centre-ville, jugé monotone, voire médiocre.
La mauvaise connexion piétonne entre les quartiers proches de la rue de Siam, les problèmes grandissants de circulation et de stationnement, une offre insuffisante de services et d'animation culturelle sont autant de maux identifiés par la municipalité qui lance, en 1980, un concours d'idées sur l'aménagement du centre-ville. À l'exposition qui en découle se côtoient des dessins très sérieux et quelques autres, plus extravagants, qui veulent bousculer l'identité brestoise. La place de la Liberté, point névralgique et symbolique de la ville, concentre tous les regards : un concours pour son réaménagement est organisé en 1992 et remporté par Bernard Huet. À l'occasion des travaux, quelques restes des remparts historiques de la ville sont exhumés.
Un long processus de reconstruction de l'imaginaire qui porte sur la perception topographique de la ville se met en marche : l'opération « Un cœur pour ma ville » lancée en 1979 sera suivie bien des années plus tard par celle de « Coeur de métropole ». L'enjeu est de redonner une image positive de la ville de Brest non seulement auprès de ses visiteurs, mais avant tout auprès de ses habitants qui sont appelés à participer à la réflexion urbanistique.

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

Cette video "teaser" permet d'avoir un aperçu global de cette intéressante exposition bilingue franco-allemande (avec un peu d'anglais en plus !)

Avant de clore ce billet, quelques images des Capucins, en complément de celles que le lecteur pourra retrouver dans le billet de 2018 évoqué au début :

Quelques vues depuis les terrasses, sous le crachin breton :

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

À l'intérieur, une très grande médiathèque, aux aménagements très originaux - et au bilinguisme prégnant...

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction
Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

Dans le grand hall, outre les machines qui y sont restées et qui étaient déjà présentées dans notre premier billet, une impressionnante hélice de la Jeanne d'Arc, le navire-école retiré du service en 2010 (fusion d'alliage cuivre et aluminium, 4,9 m de diamètre, 6,3 tonnes)

Brest-Dresden : l'imaginaire urbain en (re)construction

et le canot de l'empereur. Construit sur les plans de l'ingénieur Guillemard en 1810 à Anvers (alors préfecture du département des Deux-Nèthes), il mesure un peu moins de 19 m et a une hauteur de 545 cm.

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29 juillet 2023 6 29 /07 /juillet /2023 08:00

 

Un billet pour faire partager au lecteur quelques moments de notre été breton.

La côte entre Lampaul-Ploudalmézeau et Portsall, près de l'île Cairn.

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Le site du Guilliguy, qui domine l'anse de Portsall, avec son dolmen du Néolithique final et son haut calvaire.

Bretagne - été 2023

Le dolmen est composé d'un couloir de 4 m de long, partiellement détruit par la mise en place d'un caveau à l'Age du Bronze. Par une chatière, on accède à la chambre sépulcrale longue de 6,70 m. Un compartiment fermé complète ce dispositif à l'ouest. Ce monument est en appui sur un affleurement de granite au nord. Il est inclus dans un tertre ceinturé de pierres fichées verticalement en terre et de murettes de pierres sèches, intercalaires. La fouille a livré des fragments de bols hémisphériques et de vases carénés, ainsi que le mobilier en pierres que l'on trouve habituellement dans ce type de monument.
 

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

"C'est debout, sur la pointe du Guilliguy, appuyé sur un dolmen et les yeux fixés sur la mer, qu'il faut aller méditer quand la vie étroite du monde vous blesse, on devient fort à cet air de l'océan qui vous coule dans la poitrine. On se sent retrempé et vivace".
Emile Souvestre  (avocat, journaliste et écrivain né le 15 avril 1806 à Morlaix et mort le 5 juillet 1854 à Montmorency)

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Quelques images du GR 34 entre le petit port d'Argenton et l'estuaire du Penfoul, sur la commune de Landunvez, avec une des guérites du 17e siècle qui parsèment la côte et le phare du Four en arrière-plan.

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Au port de l'Aber Wrac'h, rare vision des deux voiliers "historiques" de l'association Les Amis de Jeudi Dimanche du regretté Père Jaouen, Bel Espoir II et Rara Avis, amarrés ensemble à la tonne de marine.

Nous assistons au départ de Rara Avis, et un peu plus tard, nous apercevons Bel Espoir II qui part à son tour, sous voiles.

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Au fond de l'Aber Wrac'h, à Paluden, le port de Lannilis, et un peu en aval sur la rive gauche, le chantier du Père Jaouen au lieu-dit Moulin de l'Enfer.

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Terminons par l'Aber Benoît.
Comme chaque année (cf par exemple notre billet du 16 juillet 2022) , une exposition est organisée sur ses rives par la commune de Saint-Pabu. Elle est cette fois un peu complexe, réalisée par plusieurs artistes en résidence à la Maison des Abers - Ti an Aberioù à Saint-Pabu. Nous en donnons quelques exemples :

Près de la cale du passage, l'installation Action de voir de Nesrine Mouelhi.

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

À divers endroits de la côte, des rituels proposés par Marie-Michèle Lucas, extraits de son livre Rituaire réalisé entre avril 2022 et juin 2023 pour "célébrer l'immensité de la mer."

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Encore de Nesrine Mouelhi, des Houses, petites boîtes sculpturales qui accueillent des poèmes écrits par l'artiste.  Les textes sont dédiés aux anciennes pêcheries dénommées «korejoù, ar c’horejoù» en breton («kored, ar gored» au singulier). Nesrine s’intéresse à l’histoire de ces pêcheries, leurs origines, leurs fonctionnalités, leurs compositions et ainsi elle se questionne sur la relation qu’entretiennent les humains avec ces pêcheries. En utilisant l’écriture et la peinture elle rend compte de ses propres liens d’attachement avec chaque gored.

(ici, l'installation surplombe la plage de Korn ar Gazel)

Bretagne - été 2023

Enfin, près de Porz ar Villin, Scoubidou hydraulique, de Marianne Rousseau.
Marianne Rousseau prend pour point de départ un dessin technique d’un scoubidou hydraulique, outil utilisé par les goémoniers pour la récolte des algues marines. Elle présente une sculpture composée de tubes en inox et d’un textile sur lequel elle coud un motif de l’outil mécanique. Cette oeuvre rend hommage au travail des goémoniers et à l’histoire de ce métier qui s’est vu facilité par l’arrivée de la machine.

Bretagne - été 2023

Naviguons sur l'aber pour voir le canot historique de sauvetage Yvon Salaün ou  pour emmener nos petites-filles en pèlerinage vers la maison de la regrettée Jane Birkin, sur la rive droite. 

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023

Terminons ce billet en empruntant le sentier qui débouche au dessus de la plage de Béniguet...

Bretagne - été 2023

...pour des vues sur l'embouchure de l'Aber, à la lumière et aux couleurs jamais semblables d'un jour à l'autre.

Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
Bretagne - été 2023
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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 08:00

Le Centre Pompidou présente cet été dans un de ses grands halls une exposition consacrée à un architecte britannique, Norman Foster. Né en 1935 à Manchester, Foster était un ami de Richard Rogers (1933-2021), architecte italien naturalisé britannique, qui avait conçu avec Renzo Piano le Centre Pompidou. Foster et Rogers, avec leurs épouses respectives, également architectes, Wendy Cheesman Foster et Su Rogers - le milieu de l'architecture est particulièrement endogame - le cabinet Team 4, de 1963 à 1967. En 1967, Rogers s'est associé à Renzo Piano et Foster a monté avec son épouse  le cabinet Foster Associates, depuis rebaptisé Foster+Partners. L'exposition débute par une salle pleine de dessins, dont nous retiendrons, en guise de transition avec d'autres billets, deux croquis de la chapelle de Ronchamp, de Le Corbusier, par le jeune Foster...

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Nous suivrons ensuite le parcours, en présentant quelques maquettes.

Chapelle du Vatican, pavillon du Saint-Siège à la Biennale de Venise en 2018.

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Siège de Bloomberg, Londres, 2009-2017

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Apple Park, Cupertino (USA), 2009-2017

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Centre de distribution Renault, Swindon (Royaume-Uni), 1980-1982

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Table Nomos, 1986, structure en acier et aluminium, plateau en verre

Norman Foster au Centre Pompidou

Deux réalisations au Château La Coste, Aix-en-Provence :

- Terrasse d'observation (2019-en cours)
- Maison autonome (2019-en cours)

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

The Sage Gateshead, Gateshead (Royaume-Uni), 1997-2004
(centre musical régional)

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Musée national Zayed, Abu Dhabi (Émirats arabes unis), 2017-2024

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Opéra Winspear, Dallas (USA), 2003-2009

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Lycée Albert Camus, Fréjus, 1991-1993

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Cour suprême de Singapour, Singapour, 2000-2005

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

La plus belle salle de l'exposition présente de nombreux points d'intérêt :

Norman Foster au Centre Pompidou

Des œuvres de la collection de Foster : Ai Weiwei, Brancusi :

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Des hommages à ses inspirateurs :

Le Corbusier (1887-1965) avec le nombre d'or et sa voiture, la Voisin C7

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

et l'américain Richard Buckminster Fuller (1895-1983) :

- 12-Foot Fly's Eye Dome, 1975, fibre de verre
- Voiture D-45, 2 places, 1943, maquette (recréée en 2010) résine, métal, laiton, acrylique

Richard Buckminster Fuller et Starling Burgess (1878 – 1947) :
- Dymaxion Car #4, 1933-1934 (2010)

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Toujours dans le panthéon du design de Norman Foster :

- Glasflügel H-201B Standard Libelle, planeur, 1967
- Rudolf Uhlenhaut (1906-1989) : Châssis tubulaire de la Mercedes-Benz 300 SL Coupé (W 198), 1954
- Colin Chapman (1928-1982) : Chassis de la Lotus Elan, Type 26, 1962 

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Dans cette grande salle, devant les fenêtres et le panorama de Paris, une séries de tours réalisées (ou non) par Foster+Partners.

Tour Hearst, New York, 2000-2006
Tour Millenium, Tokyo, 1989 (projet non réalisé)

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

30 St Mary Axe, Londres, 1997-2004
Siège de la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation, Hong Kong, 1979-1984

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Century Tower, Tokyo, 1987-1991
Siège de la Commerzbank, Francfort (Allemagne), 1991-1997

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

425 Park Avenue, New York, 2016-2022
Banque Nationale du Koweit, Koweit, 2008-2022

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

DJI Sky City, Shenzen (Chine), 2016-2022
50 Hudson Yard, New York, 2016-2022

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

270 Park Avenue, New York, 2018-2025

et de Sol LeWitt (1928-2007) : Quatre tours structure, 2007, bois de balsa, peinture

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Sur un côté de la salle, quelques autres projets originaux :

Plan directeur pour la ville de Masdar et Institut Masdar, Abu Dhabi (Émirats arabes unis), 2007-2013

Norman Foster au Centre Pompidou

Maison des éléphants du Zoo de Copenhague (Danemark), 2002-2008

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Grande serre du Jardin botanique du Pays de Galles, Llanarthney (Royaume-Uni), 1995-2000

Norman Foster au Centre Pompidou

American Air Museum, Duxford (Royaume-Uni), 1987-1997

Norman Foster au Centre Pompidou

Chesa Futura, Saint-Moritz (Suisse), 2000-2004

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Rénovation du Reichstag, siège du Bundestag, Berlin, 1993-1999

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Grande cour du British Museum, Londres, 1994-2000

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Dans la dernière salle, l'incontournable viaduc de Millau, œuvre la plus connue de Foster en France : 

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou

Dans cette salle, également quelques autres projets :

Aéroport de Londres-Stansted (Royaume-Uni), 1981-1991

Norman Foster au Centre Pompidou

Technodôme Hancook, Daejeon (Corée du Sud), 2013-2016

Norman Foster au Centre Pompidou

Et, en cette période de vacances en bord de mer, trois projets marins de Foster + Partners :

Flotte Yachtplus, 2005-2009
Yacht à voiles Panthalassa, 2007-2009
Yacht à moteur Izanami, 1991-1993
 

Norman Foster au Centre Pompidou
Norman Foster au Centre Pompidou
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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 08:35

Un billet pour une fois consacré non à une exposition, mais à deux petites salles du musée d'Orsay, exemples des accrochages variés que ce dernier réalise pour présenter ses collections permanentes d'une façon toujours renouvelée.

La tradition du portrait (1850-1875)

Dans cette salle, des peintures et des sculptures.

Trois toiles de Léon Bonnat (1833-1922) :

Jules Grévy, 1880, huile sur toile
Madame Pasca, 1874, huile sur toile
Armand Fallières, 1907, huile sur toile 

Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay

Deux toiles d'Édouard Dubufe (1819-1883) :

Madame Édouard Dubufe, vers 1845, huile sur toile cintrée
Madame F..., entre 1850 et 1851, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay

Ernest Hébert (1817-1908) : Comtesse Audouin de Dampierre, née Marie-Joséphine Fouache d'Halloy, 1880, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay

Alexandre Cabanel (1823-1889) : La Comtesse de Keller, 1873, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay

Paul Baudry (1828-1886) : Madeleine Brohan, 1860, huile sur toile
Madeleine Brohan (1833-1900) était sociétaire de la Comédie française

Portraits au Musée d' Orsay

Élie Delaunay (1828-1891) : Charles Hayem, 1865, huile sur toile
Charles Hayem était un négociant et collectionneur parisien (1838/39-1902)

Portraits au Musée d' Orsay

John Singer Sargent (1856-1925) : Édouard Pailleron, 1879, huile sur toile
Édouard Pailleron (1829-1899) était un dramaturge, poète et journaliste français

Portraits au Musée d' Orsay

Dans cette salle, des bustes également, tous de Jean-Baptiste Carpeaux, né le 11 mai 1827 à Valenciennes et mort le 12 octobre 1875 à Courbevoie.

Anna Foucart, 1860, bronze [fondeur : Thiébaut Frères, Paris]
Amélie de Montfort en toilette de mariée, 1869, plâtre
Eugénie Fiocre, 1869, plâtre

Amélie Clothilde de Montfort (1847-1908) était l'épouse de Carpeaux
Eugénie Fiocre (1845-1908) était une première danseuse du Ballet de l'Opéra de Paris

Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay

La Princesse Mathilde, 1862, marbre
La Marquise de La Valette, 1861, plâtre
Alexandre Dumas fils, 1873, plâtre

Mathilde Bonaparte (1820-1904), cousine de Napoléon III, joue un rôle actif dans la société du Second Empire, notamment par son salon littéraire qui accueille des écrivains de tous bords politiques.
La marquise de La Valette était l'épouse de l'ambassadeur de France près du Saint- Siège.
Alexandre Dumas fils était proche de Carpeaux, il a été témoin à son mariage avec Amélie de Montfort

Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay

Terminons la visite de cette salle avec un autre marbre de Carpeaux qui assurera la transition avec la suite de ce billet :

Le Prince impérial et le Chien Néro, 1865, marbre

En 1864, Carpeaux donne des leçons de dessin et de modelage au prince Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879), fils unique de Napoléon III et de Eugénie de Montijo.

Portraits au Musée d' Orsay

Le portrait d'enfant

La sensibilité à l'enfance reste ambivalente au XIXe siècle : l'enfant est un petit adulte qu'on fait travailler à l'usine ou aux champs, malgré des lois qui viennent réglementer son travail dans le dernier quart du siècle; mais, c'est aussi un être à part entière, choyé, auquel on prodigue les soins d'une éducation de plus en plus attentive à son éveil propre. Si la peinture montre peu le premier aspect, elle déploie le second sous diverses formes.
Le portrait d'enfant isolé est plutôt rare, et s'attache surtout à la descendance de l'artiste ou de son entourage, comme ici Maurice Boutet de Monvel ou Armand Seguin. Ou bien, il résulte de la commande d'amateurs fortunés.
L'enfant est plus souvent inscrit dans sa fratrie, vêtue à l'unisson, ou dans sa famille. Besnard montre épouse et progéniture avec le naturel d'un instantané photographique. Le Suédois Oscar Björck représente les enfants du lieutenant Albert Janse en pleine activité, tandis que Maurice Denis dépeint ses amis Mellerio dans une unité familiale dégagée par une enveloppante atmosphère bleuâtre.

Armand Seguin (1869-1903) : Gabrielle Vien connue plus tard comme écrivain sous le pseudonyme de Marie Jade, 1893, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay

Maurice Boutet de Monvel (1851-1913) : Bernard et Roger à Bourré, 1883, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay

Albert Besnard (1849-1934) :

Madeleine Gorges dit Fillette feuilletant un livre, 1872, huile sur toile
Une famille dit aussi La Famille de l'artiste, 1890, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay
Portraits au Musée d' Orsay

Louis Anquetin (1851-1932) : Profil d'enfant et étude de nature morte, non daté, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay

Oscar Björck (1860-1929) : Dans la nursery, 1889, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay

Terminons ce billet avec cette toile de Maurice Denis (1870-1943)

La Famille Mellerio, 1897, huile sur toile

Portraits au Musée d' Orsay
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8 juillet 2023 6 08 /07 /juillet /2023 08:00

Comme de temps en temps, nous consacrons un billet à l'exposition photographique installée dans le Parc de Sceaux, un de nos lieux de promenade favoris. (voir par exemple notre billet du 17 octobre 2020)

Son thème, à l'occasion du 100e anniversaire de l'entrée du Parc dans le domaine public, peut être résumé par les propos liminaires de l'administration départementale : " faire de la nature en milieu urbain une réalité pour tous, renforcer la place de la nature en ville ". Elle rappelle que  plus d'un tiers du territoire du Département des Hauts-de-Seine est végétalisé (proportion certes très inférieure à celle de la plupart des départements français, mis à part Paris et la petite couronne) et  qu'on y compte 27 parcs, jardins et promenades départementaux recensant plus de 16 millions de visites chaque année.

Entrée du Domaine départemental de Sceaux
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Harmonie
Jardin Bellini, La Seine Musicale, Île Seguin, Boulogne-Billancourt
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

J'ai rêvé New-York
Parc départemental André Malraux, Nanterre
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Mécanique du vivant
À ras du Jardin des Reflets, Paris La Défense
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

La meulière, le verre et le vert
Coteau de Sèvres et La Défense
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

Nature en perspective
Création du Parc Paris La Défense
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Le petit jardin de dix pas
Jardins familiaux, quartier de la Butte-Rouge, Châtenay-Malabry
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

À l'ombre des souvenirs en fleurs
Ancien château Croux, Arboretum départemental de la Vallée-aux-Loups, Châtenay-Malabry
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Une tristesse de verre
Cimetière américain de Suresnes
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Vous n'avez encore rien vu!
Observatoire ornithologique, parc départemental des Chanteraines, Villeneuve-la-Garenne
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Les jardins du T2
Jardins familiaux, Saint-Cloud
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

Vert coquet, vert clairet
Vignes du Pas-Saint-Maurice, Suresnes
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Le jardin des merveilles
Collection départementale de bonsaïs, Arboretum départemental de la Vallée-aux-Loups, Châtenay-Malabry
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Le Pavillon de thé
Jardins du musée Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Flèche de pierre
Clocher de l'église Saint-Clodoald, Saint-Cloud
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Le voyage en Amérique
Arboretum du Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups, Châtenay-Malabry
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

Le feu et la glace
Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups, Châtenay-Malabry
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Les corbeaux de mer
Parc départemental de l'Île-Saint-Germain, Issy-les-Moulineaux
Photo: Stéphanie Gutierrez-Ortéga

Natures Urbaines - un autre regard

Choses étranges
Parc départemental Pierre-Lagravère, Colombes
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Métamorphose nocturne
Parc de Billancourt, quartier Rives de Seine, Boulogne-Billancourt
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

Plumes d'or sur promenade bleue
Parc départemental du Chemin-de-l'île, Nanterre
Photo: Stéphanie Gutierrez-Ortéga

Natures Urbaines - un autre regard

Les derniers feux de l'artifice
Grand rocher du parc départemental de la Folie Sainte-James, Neuilly-sur-Seine
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Stèle paysagère
Cimetière intercommunal de Clamart
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

Un air de savane
Escaliers du parc de Bécon, Courbevoie
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

L'Œil était dans la cale
La Seine entre Rueil-Malmaison et Paris
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Le donjon des légendes
Promenade Jacques-Baumel, parc du Mont-Valérien, Suresnes
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Brocéliande
Menhir et Chêne des missions, forêt domaniale de Meudon
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

La Chute de la Maison Chocolat
Château et parc de la Solitude, Le Plessis-Robinson
Photo: Julia Brechler

(ruine du castel néogothique édifié au début du XXe siècle pour l'héritière des chocolats Marquis - fournisseur breveté de toutes les cours d'Europe -aussitôt surnommé le Château Chocolat)

Natures Urbaines - un autre regard

Vivre la nature urbaine
Parc nautique départemental, Île de Monsieur, Sèvres
Photo: Stéphanie Gutierrez-Ortéga

Natures Urbaines - un autre regard

Dans un jardin français
Château du Domaine départemental de Sceaux
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Nature idyllique
Jardin de l'Île Verte, Vallée-aux-Loups, Châtenay-Malabry
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

L'inattendu de Sceaux
Parc du Domaine départemental de Sceaux
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Comme un arbre dans la ville
Paris La Défense
Photo: Olivier Ravoire

Natures Urbaines - un autre regard

Lumière romantique
Étang de Saint-Cucufa, forêt de Malmaison, Rueil-Malmaison
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Le cavalier de l'aube
Domaine départemental du Haras de Jardy, Mames-la-Coquette et Vaucresson
Photo: Julia Brechler

Natures Urbaines - un autre regard

Voyage d'hiver
Étang de Villebon, forêt domaniale de Meudon
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard

Et pour terminer par où nous avions commencé :

Le frisson et la lumière
Parc départemental du Domaine de Sceaux
Photo: Willy Labre

Natures Urbaines - un autre regard
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1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 08:00

Nous poursuivons la visite de la grande exposition de la Fondation Louis Vuitton commencée dans notre billet du 24 juin 2023.

Galerie 4 : Larger Than Life

Les œuvres réalisées conjointement par Basquiat et Warhol figurent parmi les plus grandes de leurs productions respectives. La peinture de Warhol s'est toujours confrontée au format des publicités, des écrans de cinéma. Basquiat a commencé à créer à l'échelle de la ville, écrivant ses textes sur les murs. Les plus longues de leurs œuvres communes, comme Chair ou African Masks, évoquent des éléments de décors architecturaux. Cet aspect monumental est encore renforcé par le format horizontal des compositions qui se prête particulièrement aux scansions alternées des deux artistes.

Tous les tableaux de la galerie 4 sont dus à la collaboration des deux artistes.

Chair, 1985, acrylique, bâton d'huile et crayon sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

African Masks, vers 1984, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Le 29 mai 1984, Warhol écrit dans son journal « nous avons peint ensemble un chef-d'œuvre africain. Une trentaine de mètres de long. Il est meilleur que moi ». African Masks est une des collaborations à très grande échelle réalisées avec Basquiat dans les anciens locaux de la Factory après le déménagement des équipes de Warhol pour la 33e Rue. « Voir tout cet espace clair et vide, c'était si beau que maintenant je ne veux plus partir » avait noté ce dernier. Dans African Masks, une multitude de masques et visages bruns, blancs et noirs, apparaissent sur un fond abstrait multicolore. L'œuvre ne se prête pas à une interprétation univoque, mais ses figures font incontestablement référence à la préoccupation de Basquiat pour sa culture et son héritage africains.

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Sin More!, 1985, acrylique et bâton d'huile sur toile
Collaboration (Chairs/African), 1984-1985, acrylique et encre sérigraphique sur lin
Quality, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Thèmes et variations

À la fin des années 1970, Warhol réalise des travaux qui se rapprochent du genre de la nature morte. Quartiers de viande, pommes, citrons, choux sont le point de départ de plusieurs des tableaux réa- lisés avec Basquiat. Par le dessin, ce dernier altère et enrichit ces images et compositions d'origine photographique. Figure de style chère aux deux artistes, la répétition ne se joue pas qu'à l'intérieur de chaque tableau, elle est à l'origine de séries qui sont autant de variations autour d'un motif premier.

Don't Tread Tennis, 1985, acrylique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Apples and Lemons, 1985, acrylique, bâton d'huile et peinture polymère synthétique sérigraphiée sur toile
Eggs, 1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Cabbage, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Dogs, 1984, acrylique et bâton d'huile sur toile
Untitled (Two Dogs), 1984, acrylique et encre sérigraphique sur toile
Dog, 1984, acrylique, encre sérigraphique, bâton d'huile et huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Galerie 5 : Michael Halsband,  10 Juillet 1985, NYC

Au printemps 1985, Warhol indique à son galeriste Bruno Bischofberger que Basquiat et lui ont, de leur propre initiative, réalisé de nombreuses collaborations. Ils s'entendent pour en exposer une sélection à la galerie Tony Shafrazi, dans le sud de Manhattan. Pour réaliser l'image qui servira à l'affiche, Basquiat choisit Michael Halsband qu'il a repéré pour son travail avec le chanteur Klaus Nomi. Celle-ci doit évoquer un combat de boxe. Le 10 juillet, Basquiat et Warhol se rendent dans le studio d'Halsband avec gants et shorts. Trois de ces images seront finalement utilisées pour la promotion de l'exposition, le photographe en révèle 86.

Devant l'entrée de cette galerie, une photo par Michel Halsband (né en 1956) : Artist Group Portrait at Mr. Show restaurant, New York City, April 23, 1985

La légende permet d'y reconnaître, outre Basquiat et Warhol, David Hockney, Arman, Keith Haring, Arman, Axel Katz, Julian Schnabel...

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Quelques tirages des photographies prises la 10 juillet 1985 par Michael Halsband.

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

En Série

Créé à la fin du XIXe siècle, le logo de General Electric est l'un des emblèmes de l'American way of life. À partir des années 1950, la marque est présente dans chaque foyer. L'omniprésence du sigle, apposé sur un réfrigérateur comme sur un réacteur d'avion, justifierait à elle seule son choix par Warhol si elle ne se doublait d'un jeu calligraphique propice au plaisir de la peinture. Les deux artistes lui dédient toute une série, remarquable par ses effets de transparences, de juxtapositions et de renversements. La plupart de ces œuvres ont été débutées par Basquiat qui y a inscrit ses dessins en sérigraphie, une technique qui a défini l'œuvre de son aîné.

General Electric, 1985, acrylique sur toile
Sweet Pungent, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile et encre sérigraphique sur toile
Ford, 1984-1985, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

General Electric with Waiter, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur toile
GE/Skull, 1984-1985, acrylique et encre sérigraphique sur toile
General Electric - White, 1984, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

GE, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile, huile et encre sérigraphique sur toile
Bananas, 1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Unit Filter GE, 1984, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Highest Crossing, 1984, acrylique sur toile
House Eye, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile, encre sérigraphique et collage sur toile
Wood, 1984, huile, bâton d'huile, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Stoves, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur toile
Hellmann's Mayonnaise, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile et crayon sur toile
Taxi, 45th/Broadway, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Galerie 6 : La scène artistique de Downtown New York dans les années 1980
 

Le milieu artistique new-yorkais du tournant des années 1970-1980 se singularise par l'énergie collective qu'il dégage. Plus de dix ans avant, grâce à son ouverture radicale à différentes pratiques artistiques, Warhol avait préparé le terrain pour faire de la collaboration une pratique largement acceptée. Mais ce furent aussi des artistes liés à la scène du graffiti - habitués à travailler ensemble et à naviguer entre les supports et les disciplines - qui firent de la collaboration, bien plus qu'une exception, l'une des caractéristiques essentielles de l'époque.

Jean-Michel Basquiat : 45 Plates, 1983-1986, marqueur sur céramique
Jean-Michel Basquiat, Fab Five Freddy (né en 1959), Tseng Kwong Chi (1950-1990), Futura 2000 (né en 1955), Keith Haring (1958-1990), Eric Haze (né en 1961), LA II (né en 1967), Kenny Scharf (né en 1958) & autres : Untitled (Blue Vase), 1982, technique mixte, acrylique, peinture aérosol et marqueur sur fibre de verre
Futura 2000,  Keith Haring : Untitled (Scooter), 1986, peinture aérosol sur scooter

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Jean-Michel Basquiat,  Keith Haring & autres : Untitled (Symphony No. 1), 1980-1983, technique mixte, bombe aérosol et papier sur contreplaqué
Jenny Holzer (née en 1950) Lady Pink (née en 1964) : I am not free because I can be exploded anytime, 1983-1984, bombe aérosol sur toile
Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol : Untitled, 1984, acrylique, huile et encre sérigraphique sur toile - Del Monte Fresh Produce Company, Coral Gables, Floride, États-Unis
A-One (1964-2001) Crash ou John Matos (né en 1961) DAZE (Chris Ellis) (né en 1961) : Untitled, 1984, bombe aérosol sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Jean-Michel Basquiat, Stefano Castronovo (né en 1950) : Leather Jacket, 1983-1985, huile et peinture alkyde sur blouson en cuir
Jean-Michel Basquiat,  Keith Haring & autres : Untitled (Fun Gallery Fridge), 1982, technique mixte, acrylique, peinture aérosol et marqueur sur réfrigérateur en métal

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Affiche pour l'exposition Warhol / Basquiat : Paintings, Tony Shafrazi Gallery, 1985, lithographie offset sur papier couché
Jean-Michel Basquiat,  Keith Haring, Roy Lichtenstein (1923-1997) Yoko Ono (née en 1933), Andy Warhol : Affiche pour Rain Dance, 1985, lithographie offset sur papier couché, signée par les cinq artistes
Guerrilla Girls : Guerrilla Girls Review The Whitney, 1987, impression d'écran sur papier

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Jean-Michel Basquiat,  Keith Haring : Untitled, 1981, encre et bombe aérosol dorée sur papier (deux tableaux)
A-One, Jean-Michel Basquiat : Portrait of A-One A.K.A. King, 1982, acrylique, bâton d'huile et marqueur sur toile montée sur supports en bois liés ensemble
A-One, Kenny Scharf : Untitled (Graffiti I), 1983, technique mixte sur toile
Dean Chamberlain (né en 1954) : Keith Haring, Nick Rhodes & Simon Le Bon devant le décor peint par Haring pour le passage d'Arcadia sur MTV, 1985, tirage couleur

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Galerie 9 : Ten Punching Bags (Last Supper)

Jamais exposée du vivant de Basquiat et Warhol, la sculpture des Ten Punching Bags (Last Supper) est restée en possession de ce dernier jusqu'à sa disparition en 1987. Sur chacun des sacs, Warhol a peint le visage du Christ d'après une reproduction de La Cène de Léonard de Vinci. Sur celui-ci, Basquiat a inscrit de manière répétée, comme autant de coups portés sur les sacs, le mot Judge. Chez lui, l'imaginaire de la boxe est lié à de grandes figures de la communauté africaine-américaine qu'il a érigées en héros et martyrs. La structure même de cette œuvre est de triste mémoire ; elle évoque une potence et sa suite de pendus, ces strange fruits chantés par Billie Holiday. Sincère, la foi catholique de Warhol trouve là une incarnation poignante, évoquant le racisme, la violence et l'injustice dans une période sombre, marquée par l'épidémie de sida et le décès de plusieurs de ses proches.

Dans la même salle, du seul Jean-Michel Basquiat :
Untitled (Mary Boone), 1984-1985, acrylique sur sac de frappe
 

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Headline Paintings

Tout au long de sa carrière, Warhol a traqué dans la presse le sensationnel comme le quotidien, faisant des manchettes de magazines et de journaux un sous-texte de son œuvre. Avec Basquiat, l'usage de ces titres est différent. Ainsi qu'il le disait, « II [Warhol] commençait la plupart des peintures. Il mettait quelque chose de très concret ou de très reconnaissable, comme une manchette de journal ou un logo de produit, et puis je le défigurais, en quelque sorte, et puis j'essayais de le faire retravailler dessus un peu, et puis je retravaillais dessus davantage ». De fait, la lisibilité des textes est totalement amendée au profit de l'impact formel voire sonore du lettrage. Des fragments de mots sont pris dans un nouveau réseau d'informations bâti par les deux artistes.
Tous les tableaux de cette section sont dus à la collaboration des deux artistes.

Collaboration, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur lin
Socialite, 1984, acrylique sur toile
Ailing Ali in Fight of Life, 1984, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Heart Attack, 1984, acrylique sur toile
Cops, 1984, acrylique et huile sur toile
Win $1,000,000, 1984, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

PE D G Two Heads, 1984-1985, huile, bâton d'huile, acrylique et encre sérigraphique sur toile
OP OP, 1984-1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Collaboration No. 19, 1984-1985, bâton d'huile, collage, encre sérigraphique et peinture polymère synthétique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Comme toujours, avant le bouquet final des expositions de la Fondation Louis Vuitton dans la galerie 10, nous préférons décrire la petite galerie 11 attenante :

Galerie 11 : Requiem

Les proches de Basquiat ont largement témoigné de son désespoir à la suite du décès de Warhol, le 22 février 1987. Gravestone en est une marque évidente. Sous la forme d'un polyptyque, le peintre a dressé un autel où l'on reconnaît plusieurs références aux travaux de Warhol. Après leur exposition commune en 1985, les deux artistes s'étaient éloignés mais avaient poursuivi leurs échanges. Conservé par Warhol dans ses réserves, Physiological Diagram (1985), par son format et son sujet anatomique, s'apparente à une collaboration restée dans l'attente de Basquiat.
 

Jean-Michel Basquiat : Gravestone, 1987, acrylique et huile sur panneau de bois
Andy Warhol : Physiological Diagram, 1985, acrylique et encre sérigraphique sur lin

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Francesco Clemente : Untitled (Homage to Jean-Michel Basquiat and Keith Haring), vers 1990, gouache sur papier
Scott Covert (né en 1959) : Untitled, 1999-2020, huile et crayon gras sur mousseline

Danseur, musicien, artiste, personnalité de la nuit new-yorkaise, Scott Covert commence en 1985 à réaliser des œuvres à partir de frottages de pierres tombales. Se rendant sur les sépultures de personnalités connues ou appartenant à sa mythologie personnelle, il réalise des compositions complexes où les mémoires s'entremêlent. Ici, Covert a placé Basquiat dans un panthéon comptant aussi bien le jeune Michael Stewart, artiste graffiti décédé après un passage à tabac par la police, que le compositeur italien Nino Rota ou le peintre américain Philip Guston.

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Galerie 10 : À Quatre Mains

« Je crois que ces tableaux que l'on fait ensemble sont plus réussis quand on ne peut pas dire qui a fait quelle partie » avait noté Warhol dans son journal. D'abord simples interventions de Basquiat sur des toiles de Warhol, leurs peintures culminent, à la toute fin de leur collaboration, dans un emmêlement complexe où sont abordés des sujets intimes comme le racisme (Felix the Cat) ou le rapport au corps. 6.99 est une stratification de formes et de sens. Le tableau est littéralement couvert de cicatrices - des repentirs - mais celles-ci sont aussi dessinées, en écho aux abdomens balafrés de Basquiat et de Warhol.
Tous les tableaux de cette galerie sont dus à la collaboration des deux artistes.

Mind Energy, 1985, acrylique et bâton d'huile sur toile
Number 1, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur toile
Poison (Collaboration No. 62), 1984, acrylique et bâton d'huile sur toile
Collaboration (Pontiac) No. 5, 1984, acrylique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)

Third Eye, 1984-1985, acrylique et bâton d'huile sur toile
Felix the Cat, 1984-1985, acrylique sur toile

Dans les années 1980, la plupart des œuvres de Warhol intègrent des images de la culture populaire américaine, autant de souvenirs et de témoignages de son obsession pour tout ce qui a trait à la célébrité. Dans ce tableau, on trouve ainsi une indication sur la bonne façon de nouer un nœud papillon, renvoi possible à sa carrière d'illustrateur, et surtout Felix the Cat, un des premiers héros de cartoons. À ces images, Basquiat répond avec ses têtes caractéristiques par leur apparence de crâne, ses mots griffonnés et deux grandes figures féminines à la peau mate. L'une est réalisée à partir d'un dessin posé par Warhol - que l'on retrouve dans 6.99 -, l'autre reprend la forme fluide des nœuds papillons et est oblitérée violemment d'un « Negress ».
6.99, 1985, acrylique et bâton d'huile sur toile

6.99 était l'une des collaborations préférées de Warhol, qui l'avait accrochée dans un espace privé à la Factory. A la variété des représentations répond ici la densité du dialogue visuel établi par les artistes. Les chiffres, les deux joueurs de football américain et la figure de femme nue debout, posés par Warhol, contrastent avec les aplats colorés de Basquiat, ses figures, visages, griffonnages, qui sont autant de couches de peinture et de significations. Des flammes semblent sortir du crâne expressif dans le coin droit, elles sont captées par un visage noir sombre au centre. Partiellement recouvert, celui-ci est placé comme au sommet d'une trinité ayant pour base les footballeurs de Warhol, ils sont intégrés par Basquiat dans son discours. À l'arrière-plan, une troisième figure noire coiffée d'un chapeau - peut-être un autoportrait de Basquiat - semble malicieusement observer cette confusion. Comme pour accentuer le propos, les retouches sont signifiées par des cicatrices, renvois possibles aux corps balafrés des deux peintres - celui de Basquiat du fait d'un accident de voiture en 1968, celui de Warhol suite à la tentative de meurtre dont il fut victime la même année.

Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (II/II)
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24 juin 2023 6 24 /06 /juin /2023 08:00

Nous n'avons pas encore fait partager à nos lecteurs l'exposition de ce printemps à la Fondation Louis Vuitton. Après l'exposition "Jean-Michel Basquiat" en 2018 (voir notre billet du 2 février 2019), la Fondation poursuit son exploration de l'œuvre de l'artiste, révélant cette fois sa collaboration avec Andy Warhol.
Jean-Michel Basquiat (1960-1988) disait avoir travaillé sur « un million de toiles » avec Andy Warhol (1928-1987). La vérité est plus proche de 160, mais le chiffre reste considérable au regard des formats réalisés et de la brièveté de leur collaboration, de 1983 à 1985.

Gallerie 1 : Une amitié

À la toute fin des années 1970, alors qu'il n'a pas 20 ans, Jean-Michel Basquiat est fasciné par la figure d'Andy Warhol et la manière dont il a bouleversé les rapports entre art et culture populaire. Quant à Warhol, il se passionne pour la scène qui émerge à New York, porteuse d'une nouvelle attention à la peinture et qui se distingue par sa liberté, le croisement entre les disciplines et sa porosité avec les cultures urbaines. Il admire la réussite de ses cadets, leur énergie. Sa rencontre avec Basquiat, le 4 octobre 1982, marque le début de leur amitié et de leurs échanges, ici symbolisés par des portraits croisés : Warhol par Basquiat, Basquiat par Warhol.

Andy Warhol :
Portrait of Jean-Michel Basquiat as David, 1984, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile
Jean-Michel Basquiat, 1984, acrylique et encre sérigraphique sur lin
Jean-Michel Basquiat, 1984, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile
Jean-Michel Basquiat, 1984, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat :
Foto (Jean-Michel Basquiat being photographed by Andy Warhol), 1983, technique mixte sur papier
Dos Cabezas, 1982, acrylique et bâton d'huile sur toile sur châssis en bois
et un polaroïd du 4 octobre 1982 par Andy Warhol : Self-Portrait with Jean-Michel Basquiat

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat :
Untitled (Andy Warhol with Barbells), vers 1984, acrylique et bâton d'huile sur toile
Untitled, 1983, crayon gras sur papier
Untitled (Andy Warhol), 1984, crayon gras sur papier
Brown Spots (Portrait of Andy Warhol as a banana), 1984, acrylique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Francesco Clemente (né en 1952) :

Jean-Michel Basquiat, 1982-1987, aquarelle sur papier
Andy Warhol, 1982-1987, aquarelle sur papier

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Dans la même galerie, de premières œuvres à quatre mains :

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :

Arm and Hammer, 1984-1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Arm and Hammer II, 1984-1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :

Dollar Sign, 1984-1985, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile
Don't Tread on Me, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile et encre sérigraphique sur toile
Collaboration (Dollar Sign, Don't Tread on Me), 1984-1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur lin

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :

Crab, 1984-1985, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile
Sharp Teeth, 1984-1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Collaboration (Crab), 1984-1985, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur lin

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Lobster, 1984-1985, acrylique, bâton d'huile et sérigraphie sur toile
Lobster (Pink), 1984-1985, acrylique, bâton d'huile et sérigraphie sur toile
Lobster (White), 1984-1985, acrylique, bâton d'huile et sérigraphie sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Basquiat, Clemente, Warhol

À l'automne 1983, le galeriste suisse Bruno Bischofberger, enthousiasmé par l'idée de collaboration entre artistes, propose à Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente et Andy Warhol avec lesquels il travaille, de signer conjointement une suite de travaux. Une quinzaine d'œuvres seront réalisées selon un principe de conversation : les toiles sont transportées d'un atelier à l'autre, la manière de chacun y restant visible. L'onirisme de Clemente, les écritures, silhouettes et repentirs de Basquiat, la sérigraphie comme mode opératoire de Warhol irriguent ces toiles qui réactivent le principe du cadavre exquis surréaliste.

Andy Warhol : 

Francesco Clemente, 1981, acrylique, encre sérigraphique et poussière de diamant sur toile
Portrait of Francesco Clemente, 1982, acrylique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente, Andy Warhol :
Alba's Breakfast, 1984, technique mixte sur papier marouflé sur toile
Saxophone, 1984, technique mixte sur papier marouflé sur toile
In Bianco, 1984, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente, Andy Warhol :
Cilindrone, 1984, technique mixte sur toile
Horizontal Painting, 1984, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Origin of Cotton, 1984, huile, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente, Andy Warhol :
Casa del Popolo, 1984, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Pimple Head, 1984, technique mixte sur toile | Mixed media on canvas
Premonition, 1984, bâton d'huile, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Francesco Clemente, Andy Warhol :
Collaboration (Whales/Umbrella), 1984, technique mixte sur lin

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente :
The Kiss, 1984, huile et collage sur toile
Number 5, 1984, huile, acrylique et collage sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente, Andy Warhol :
Handball, 1984, technique mixte sur toile
Tre Amici, 1984, crayons de couleur sur papier marouflé sur toile et encre sérigraphique sur papier marouflé sur toile
Pole Star, 1984
Premier panneau : acrylique et collage sur métal.
Panneaux suivants : acrylique et sérigraphie sur toile
Pure, 1984
Premier panneau : acrylique et collage sur métal.
Panneaux suivants : acrylique et sérigraphie sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Galerie 2 : La création d'un langage visuel

Au printemps 1984, Warhol déménage sa Factory du 860 Broadway à la 33° Rue. Le bail de l'ancien local courant encore, il bénéficie d'un espace vacant pour peindre. Le lieu devient l'atelier commun des deux artistes. L'après- midi, ils peignent ensemble presque quotidiennement. Cette fois, il ne s'agit plus de modifications ni de conversation mais bien d'un duo composant à quatre mains. Les toiles sont souvent commencées par Warhol, qui reprend à cette occasion les pinceaux qu'il avait délaissés depuis le milieu des années 1960 au profit de la sérigraphie. Aidé d'un système de projection, il prépare des fonds et des motifs qui accueilleront la peinture de Basquiat. Les échanges sont vifs et rapides. Basquiat peint parfois au sol tandis que les murs sont occupés par Warhol, qui veut maintenir le rythme.

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :
Fuck You, Dentures, 1984-1985acrylique et encre sérigraphique sur toile
New Flame, 1985acrylique, bâton d'huile et encre sérigraphique sur toile
China, 1984acrylique et bâton d'huile sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :
Wax Figurine, 1984-1985, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile
Untitled, 1984, acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile
Untitled (50 Dentures), 1984-1985, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :
Emeralds, 1984, acrylique et encre sérigraphique sur toile
1/2 Keep Frozen, 1984-1985, acrylique et encre sérigraphique sur toile
Perishable, 1984, acrylique et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Jean-Michel Basquiat - Andy Warhol :
Eiffel Tower, 1985, acrylique sur toile
Olympic Rings, 1985, acrylique et encre sérigraphique sur toile
Paramount, 1984, acrylique sur toile
China Paramount, 1984, acrylique, bâton d'huile et encre sérigraphique sur toile

Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)
Basquiat x Warhol, à quatre mains (I/II)

Nous poursuivrons cette visite dans un prochain billet.

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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 08:00

Nous proposons au lecteur un aperçu des richesses découvertes au cours d'une promenade patrimoniale organisée le 10 juin dernier par la Société d'Émulation du département des Vosges, sous la houlette de son vice-président, notre ami Jean-Pierre Doyen.

Elle débutait dans la petite ville de Vézelise, avec son église Saint Côme et Saint Damien, construite entre 1428 et 1521, chef d'œuvre du gothique flamboyant lorrain. 

Son clocher à la flèche torse si particulière, son chevet aux contreforts qui présentent une succession de larmiers.

Sur les routes du comté de Vaudémont
Sur les routes du comté de Vaudémont

Son grand portail de style renaissance, extrêmement ouvragé

Sur les routes du comté de Vaudémont
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Quelques détails des vantaux du portail

Sur les routes du comté de Vaudémont
Sur les routes du comté de Vaudémont
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L'architecture intérieure, de la nef au chœur, présente une belle unité de style flamboyant. On aperçoit au fond un orgue, commandé en 1772 au facteur nancéien Georges Küttinger pour l'abbaye cistercienne de Beaupré, près de Lunéville et acheté en juin 1792 par le maire de Vézelise, ainsi que la tribune qui le soutient.

Sur les routes du comté de Vaudémont
Sur les routes du comté de Vaudémont
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On trouve dans les bas-côtés des clés de voûte qui rappellent les corporations qui y avaient leurs chapelles : de haut en bas les bouchers, les bonnetiers, les cordonniers.

Sur les routes du comté de Vaudémont
Sur les routes du comté de Vaudémont
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Les vitraux du chœur forment un ensemble Renaissance unique, même s'ils ont subi quelques remaniements au cours des siècles.

Quelques scènes :

Sur la baie axiale n°0, un décor de putti dans le registre supérieur ; plus bas un registre avec Saint-Jean-Baptiste et la décollation de Sainte Barbe ; au registre en bas, le duc Antoine dit Le Bon, duc de Lorraine et de Bar de 1508 à 1544, et sainte Marguerite d'Antioche, sortant du dragon diabolique qui l'avait avalée.

Sur les routes du comté de Vaudémont
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Dans la baie n°1, un registre avec Sainte Barbe et Saint Roch, qui montre son bubon pesteux à la cuisse , un autre avec Saint Nicolas et un Christ au manteau.

Sur les routes du comté de Vaudémont
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En haut de la baie N°2, une nativité  avec sur la droite une saynète en grisaille figurant l'appel aux bergers

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Dans la baie n°3, une très belle fuite en Égypte, agrémentée d'une saynète du Miracle des Blés à gauche de la tête de Saint Joseph

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Terminons avec trois registres de la baie n°6, où l'on remarquera, dans le registre le plus haut, à gauche la lactation de Saint Bernard de Clairvaux (*) et à droite l'Annonciation, et dans celui immédiatement inférieur Saint Pierre tenant une énorme clé avec le donateur Pierre Thélod et Sainte Marie-Madeleine avec la donatrice Madeleine Symier, épouse de Pierre Thélod, 

(*) Saint Bernard demande à la Vierge de montrer qu'elle est mère. Celle-ci presse son sein et le filet de lait qui en sort se pose sur les lèvres du saint.

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Un petit tour en ville : dans le prolongement même de l'hôtel de ville du XVIIIe siècle, de magnifiques halles en bois du XVIe siècle construites par Nicolas La Hière sous l'ordre de Charles III (ne pas confondre !) duc de Lorraine et de Bar de 1545 à 1608. L'animation du samedi matin montre qu'elles ont conservé leur fonction première.

Sur les routes du comté de Vaudémont
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Un chef d'œuvre de l'architecture de la Renaissance lorraine, malheureusement en mauvais état, l'hôtel que fit construire en 1546 François de Tavagny, jeune cavalcadeur milanais entré au service du duc Antoine de Lorraine après la bataille de Marignan et fait bailli du comté de Vaudémont, qu'on retrouvera plus loin dans ce billet.

Sur les routes du comté de Vaudémont
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Quelques détails 

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Quittons Vézelise avec un coup d'œil sur un hôtel du XVIIIe moins intéressant mais en bien meilleur état et qui nous rappelle la demeure de notre enfance... 

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et poursuivons avec quelques images des étapes suivante de ce beau circuit au pied de la Colline inspirée...

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Ormes

Son église Saint-Rémi, avec son clocher-tour roman et son portail certes plus rustique que celui de Vézelise

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Les saints de vantaux du portail ont été "décapités" à la Révolution, mais on a tenu à garder leur fonction décorative...

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Des détails intéressants : 

- Le plafond de la chapelle castrale - aujourd'hui sacristie - avec ses médaillons
- les stalles du XVIIIe siècle récupérées d'un couvent voisin
- un tableau classé de 1613, Notre-Dame des Ermites
- une vierge de piété de la deuxième moitié du XVIe siècle, peinte
- un beau Christ en croix du premier quart du XVIIe siècle, en bois peint
 

Sur les routes du comté de Vaudémont
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Forcelles Saint-Gorgon

L'église de la Conversion-de-Saint-Paul 
Le chœur à deux travées, une droite voûtée d'ogives et une voûtée en cul-de-four, l'abside polygonale à cinq pans, et le clocher datent du XIIe siècle ; la nef est du XVIe siècle ; le clocher fut restauré en 1725.

 

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La nef, même modeste, est encore un bel exemple de gothique flamboyant lorrain.

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Le chœur, même avec ses couleurs un peu criardes, est d'un beau roman, notamment les chapiteaux ornés de palmettes.

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Château d'Étreval

"Afin de s’y réfugier en temps de peste", François de Tavagny, dont nous avons parlé plus haut à propos de son hôtel à Vézelise, avait fait bâtir dès 1532 deux corps de logis (au Nord et à l’Ouest) dans un ouvrage plus ancien datant probablement de la fin du XVème.

Sa façade Renaissance est d'une grande harmonie

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Quelques détails où on retrouve les gargouilles de l'hôtel de Tavagny à Vézelise - du moins celles qui ont survécu...

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Sur le côté, on aperçoit une des tours de la façade Nord, austère et à caractère défensif. Cette façade fait l'objet d'une campagne de restauration supportée par la Fondation du Patrimoine : n'hésitez pas à soutenir ce beau projet et la famille Martin qui conserve ce joyau du patrimoine lorrain depuis 1841.

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Puxe

Ici encore, une église romane lorraine, remaniée à l'époque du gothique flamboyant.

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Très beau portail roman, au tympan curieusement orné, avec des chapiteaux très ouvragés malgré leur état assez dégradé.

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Belle nef gothique flamboyante, que les statues saint-sulpiciennes et les suspensions "modernes" peinent à enlaidir, et beau chœur roman (du moins à la base) 

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Les décorations romanes de la partie inférieure du chœur sont particulièrement élégantes. 

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Fin et point d'orgue de cette belle journée, Battigny

Son église Saint-Germain, baignée par la lumière du soleil couchant, domine le village et la plaine, avec la colline de Sion-Vaudémont en arrière-plan.

Sur les routes du comté de Vaudémont
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De beaux décors romans courent encore le long des murs de la nef

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Mais c'est surtout les peintures murales du XVIe siècle qui retiennent l'attention. Sur la face nord de le nef, Le Dit des trois Morts et des trois Vifs (on voit surtout les vifs !)

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Saint Côme et Saint Damien

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Une Annonciation

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Saint Nicolas et Saint Éloi

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Et pour conclure ce billet, l'ensemble figurant sur la voûte du chœur : 

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Les quatre évangélistes dans trois des intrados :

Luc et Marc
Jean
Mathieu

et dans celui du fond, un Christ en majesté.

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10 juin 2023 6 10 /06 /juin /2023 08:00

Nous n'avons pas encore rendu compte de la grande exposition de ce printemps au musée d'Orsay. Très riche, son parcours complexe est annoncé dès l'entrée : 
Rapprocher Édouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917), c'est chercher à comprendre l'un à partir de l'autre, en examinant autant leurs ressemblances que leurs différences, voire leurs divergences. Acteurs essentiels de la « Nouvelle Peinture » des années 1860-1880, ils ont bien des points communs : sujets et options stylistiques, lieux de vie ou d'exposition, marchands et collectionneurs sur lesquels ils appuient leurs carrières. La biographie signale d'autres proximités, depuis le cercle de Berthe Morisot et l'expérience de la guerre de 1870-1871, jusqu'à la Nouvelle-Athènes, ce café de la place Pigalle, lieu de discussions et d'apaisement de tensions. Car disputes il y eut. Les choix de carrière de Manet s'opposent à la logique collective de l'impressionnisme. Degas lui-même, s'il croit à la force collective, se garde de peindre comme Claude Monet. En éclairant les contrastes entre Manet et Degas, cette exposition oblige à porter un nouveau regard sur la complicité et la durable rivalité de ces deux créateurs.

Nous en donnons un aperçu.

Deux autoportraits  :

-Degas : Portrait de l'artiste, 1855, huile sur toile (vers 20 ans)
- Manet : Autoportrait à la palette, vers 1878-1879, huile sur toile (vers 45 ans)

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Les familles des artistes sont évoquées au début du parcours : assez succinctement pour Degas, avec deux toiles de l'artiste représentant son grand-père banquier :

Hilaire Degas, 1857, huile sur toile

et son père lui aussi banquier, en compagnie d'un guitariste et chanteur  :

Lorenzo Pagans et Auguste De Gas, 1871-1872, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Pour Manet, c'est un peu plus complexe : son père, haut-fonctionnaire et magistrat, et sa mère dans deux tableaux :

Portrait de M. et Mme M., 1860, huile sur toile
Portrait de Mme Manet mère, 1863, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

et son épouse, née Suzanne Leenhoff (1830-1906), talentueuse musicienne qu'il avait rencontrée alors qu'elle enseignait le piano à ses jeunes frères.
Manet n'a épousé Suzanne Leenhoff qu'après la mort de son père en 1864. Le modèle du tableau suivant est Léon, né en 1852, présenté par convenance comme le jeune frère de Suzanne, et dont on ne sait pas exactement s'il était le fils de Manet ou de son père...

Édouard Manet :

Tête de femme (Suzanne Leenhoff) de profil à droite, vers 1859-1861, sanguine, traces de craie noire sur papier
Madame Manet au piano, vers 1868-1869, huile sur toile
Les Bulles de savon, 1867, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

La plus belle partie de l'exposition, à notre sens, présente en regard de célèbres tableaux des deux artistes, qu'on prend plaisir à voir - et surtout à revoir - dans ce contexte. Au centre de cette section, d'Édouard Manet : 

Olympia, 1863-65, huile sur toile

Olympia peut se lire comme l'apothéose insolente d'une prostituée, qui prend la pose des nudités de la Renaissance. Lors du Salon de 1865, à peu d'exceptions, un cri d'horreur accueille le tableau et son double crime : il aborde le monde du sexe tarifé ; aucun artifice de représentation, aucune fable ne vient masquer la crudité érotique. Aux innombrables Vénus du Salon, protégées par leurs corps asexués, Manet substitue l'apparition d'une  « invisible » au corps sacrilège et au regard souverain.

Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Sémiramis construisant Babylone, 1861, huile sur toile
Scène de guerre au moyen âge [dit à tort Les Malheurs de la ville d'Orléans], vers 1865, peinture à l'huile et à l'essence sur papier marouflé sur toile
Portrait de Mlle Eugénie Fiocre ; à propos du ballet « La Source », 1867-1868, huile sur toile
 

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Édouard Manet :
Le Christ aux anges, 1864, huile sur toile
La Pêche, vers 1862-1863, huile sur toile
Le Chanteur espagnol [dit aussi Espagnol jouant de la guitare], 1860, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Portrait de famille [dit aussi La Famille Bellelli], 1858-1869, huile sur toile
Mme Lisle et Mme Loubens, 1866-1870, huile sur toile
Lola de Valence, 1862, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Édouard Manet :
La Femme au perroquet, 1866, huile sur toile
La Lecture, vers 1866 (sans doute repris vers 1873), huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Femme sur une terrasse [dit aussi Femme aux Ibis], 1857-1858, retravaillé par l'artiste ensuite (vers 1866-1868 ?), huile sur toile
Femme accoudée près d'un vase de fleurs (Madame Paul Valpinçon ?), 1865, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Édouard Manet :
Portrait de Zacharie Astruc, 1866, huile sur toile
Portrait de M. Émile Zola, 1868, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Edmond et Thérèse Morbilli, vers 1865, huile sur toile
L'Amateur d'estampes, 1866, huile sur toile
Portrait du peintre James Tissot, vers 1867-1868, huile sur toile
 

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Une section est intitulée Le cercle Morisot

Le salon que les parents de Berthe Morisot ouvrent aux artistes, musiciens et écrivains, sous le Second Empire, est un foyer de modernité. Femmes et hommes y parlent d'art ou de politique sur un pied d'égalité. Les divergences esthétiques s'effacent devant le plaisir d'en discuter. Berthe et sa sœur Edma, formées à la peinture et dotées d'un atelier familial, débutent au Salon en 1864. Mais c'est la fréquentation de Fantin-Latour, puis de Manet et Degas, qui pousse la première à sauter le pas et à entamer une véritable carrière, fût-elle contrainte par les règles sociales du temps.

Edgar Degas :
Eugène Manet, 1874, huile sur toile
Madame Yves Gobillard, née Morisot, 1869, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Édouard Manet :
Le Repos, vers 1871, huile sur toile
Portrait de Berthe Morisot étendue, 1873, huile sur toile
Berthe Morisot au bouquet de violettes, 1872, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Aux courses.
L'essor des courses hippiques venues d'Angleterre rejoint les aspirations de la modernité parisienne des années 1860 : éclat social, intérêt d'argent, compétition sportive, expérience de la vitesse. Toute une imagerie de presse répète les mêmes scènes et effets - galop volant et foule en émoi. Plus que la cavalcade, Degas dépeint le moment qui précède le départ, la danse des montures, le frisson lumineux sur leur robe, souligne le délié des pattes. Manet, lui, n'est que galop, explosion visuelle, temps accéléré. [ci - contre Edgar Degas : Édouard Manet aux courses, vers 1868, mine graphite et fusain sur papier]

En regard l'un de l'autre : 
Degas : Scène de steeple-chase [dit aussi Aux courses, le jockey blessé], 1866 (retravaillé en 1880-1881 et 1897), huile sur toile
Manet : L'Homme mort [dit aussi Le Torero mort], 1864, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Édouard Manet :
Courses à Longchamp, 1866, huile sur toile
Les Courses au bois de Boulogne, 1872, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Aux courses (Jockeys amateurs (près d'une voiture), 1876-1887, huile sur toile
Le Faux Départ, 1869-1872, huile sur bois
Chevaux de course, devant les tribunes, 1866-1868, huile sur papier marouflé sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Dans la section D'une guerre à l'autre, quelques œuvres de Manet évoquent la période de la guerre de 1870 et de la Commune :

La Barricade, 1871, pointe d'argent, encre noire, aquarelle, gouache sur papier
La Barricade, 1871, lithographie sur chine collé, tirage de 1884
Guerre civile, 1871-1973, lithographie sur chine collé
La Queue devant la boucherie, vers 1870-1871, eau-forte, 1er état

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Deux toiles où Manet évoque un épisode de la guerre de Sécession survenu au large de Cherbourg :

Le combat du "Kerseage" et de l'"Alabama", 1964, huile sur toile
Le "Kerseage" à Boulogne, 1964, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Quelques tableaux de Degas évoquent son séjour à la Nouvelle-Orléans, où il avait de la famille dans l'industrie.

Portraits dans un bureau (Nouvelle-Orléans) [dit aussi Un bureau de coton à La Nouvelle-Orléans], 1873, huile sur toile
Cour d'une maison (Nouvelle-Orléans, esquisse), 1873, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Impressionnismes

L'histoire de l'impressionnisme est riche d'un amusant chassé-croisé: Manet s'est tenu à distance du mouvement dissident, alors même que sa peinture semble évoluer vers plus de clarté et de vivacité. Inversement, Degas prend la tête du groupe sans conformer sa peinture à l'esthétique de Claude Monet et Auguste Renoir. Pour autant, Degas et Manet n'ignorent pas la poussée d'un «paysagisme de plein air » reposant sur l'unité du motif et la mobilité de la perception. Marines et scènes de plage les retiennent autour de 1870.
« Rendre son impression » apparaît comme une nécessité à Manet, mais comme Degas, il forge un impressionnisme à part.

Les toiles de cette section sont pour la plupart de Manet :

Enfants aux Tuileries, vers 1861-1862, huile sur toile
La Famille Monet au jardin, 1874, huile sur toile
En bateau, 1874, huile sur toile
Bateaux en mer. Soleil couchant, vers 1868, huile sur toile
Sur la plage de Boulogne, 1868, huile sur toile
 

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Bains de mer. Petite fille peignée par sa bonne, 1869-1870, huile sur toile
Au bord de la mer, 1869, pastel sur papier

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Réseaux croisés

Peintre savant et lettré, Manet a fréquenté Charles Baudelaire, Émile Zola et Stéphane Mallarmé, et les a portraiturés. Plus il prétend à l'indépendance vis-à-vis des institutions, plus il doit se lier avec les intermédiaires du marché de l'art et de la presse pour obtenir une médiation publicitaire. N'entend-il pas exposer au Salon jusqu'à sa mort, sous tous les régimes et tous les jurys?
Degas fait moins étalage de ses goûts et de ses relations littéraires avant les années 1870. Pour les remercier de leur soutien, il livre des portraits mordants d'Edmond Duranty ou de Diego Martelli, critiques d'art.

Édouard Manet :
L'Artiste (Portrait de Marcellin Desboutin), 1875, huile sur toile
George Moore au café, 1878 ou 1879, huile sur toile
Portrait de Stéphane Mallarmé, 1876, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :
Portrait de M. Diego Martelli, 1879, huile sur toile
Marcellin Desboutin et Ludovic Lepic, 1876-1877, huile sur toile
Mary Cassatt au musée du Louvre, 1885, pastel sur eau-forte, aquatinte, pointe sèche et crayon
Edmond Duranty (1834-1917), 1879, crayon Conté rehaussé de craie blanche sur papier

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Parisiennes
Manet et Degas sont très attachés à Paris. À travers des figures de Parisiennes se noue un dialogue étroit entre les deux artistes, dont les sujets et l'approche font écho aux romans naturalistes des frères Goncourt ou de Zola. Dans la « Nouvelle Peinture » de Manet et Degas, la représentation des femmes de différentes catégories sociales, évoquant la vie moderne, joue un rôle déterminant. Autour de sujets semblables, ils cherchent à insuffler à leurs œuvres, posées et exécutées en atelier, la spontanéité de scènes prises sur le vif.

Edgar Degas :

Blanchisseuse (silhouette), 1873, huile sur toile
Repasseuses, 1884-1886, huile sur toile
La Chanteuse du café-concert [dit aussi Au café des Ambassadeurs], 1885, pastel sur gravure à l'eau-forte
Femmes devant un café, le soir, 1877, pastel sur monotype
Madame Jeantaud devant un miroir, vers 1875, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Deux autres œuvres de Degas, pour lesquelles on trouvera ensuite deux Manet assez similaires...

Dans un café [dit aussi L'Absinthe], 1875-1876, huile sur toile
Chez la modiste, 1879-1886, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Édouard Manet :

La Prune, vers 1877, huile sur toile
Chez la modiste, 1881, huile sur toile
La Serveuse de bocks, 1878-1879, huile sur toile

Pour l'anecdote, les commissaires américains de l'exposition, qui sera présentée au MOMA à New-York à partir de septembre 2023, ont choisi pour leur affiche non pas Femme aux ibis et Portrait de Berthe Morizot étendue comme leurs collègues français, mais L'Absinthe et La Prune...

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
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Masculin-féminin 

Les relations avec les femmes distinguent Manet et Degas. Décrit comme un séducteur, Manet n'est jamais aussi à l'aise qu'en compagnie féminine. À l'inverse, la vie de Degas « fut toujours mystérieuse au point de vue sentimental ». Ces différences de tempérament se retrouvent en partie dans leurs œuvres : tandis que Manet dépeint des femmes dont la pose et le regard traduisent l'assurance, les relations entre hommes et femmes semblent chez Degas presque toujours troublées ou déséquilibrées.
 

Édouard Manet :

La Leçon de musique, 1870, huile sur toile
Nana, 1877, hulle sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Edgar Degas :

Violoniste et jeune femme (Raoul Madier de Montjau et sa femme, la cantatrice Émilie Fursch-Madier), vers 1871, huile et crayon sur toile
Bouderie, vers 1870, huile sur toile
Intérieur [dit aussi Le Viol], 1868-1869, huile sur toile

Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay
Manet / Degas au musée d'Orsay

Terminons avec la section Du nu

Depuis la Renaissance et la réappropriation de l'héritage gréco-romain, le nu jouissait d'un rôle central dans l'apprentissage des arts du dessin. La théorie dite « classique » fait du corps idéalisé, plus ou moins sensuel, le canon de son esthétique et de son enseignement. Contester ce principe revenait à renverser tout un ordre de valeurs. Romantiques, comme Delacroix, et réalistes, comme Courbet, s'y emploient au début du XIXe siècle, avant que la photographie et la Nouvelle Peinture ne dissolvent les canons de beauté. D'Olympia aux « baigneuses en chambre » de Degas, la nudité féminine affiche une vérité aussi engageante que dérangeante.

Édouard Manet :

Femme dans un tub, 1878, pastel sur toile
Étude de nu assis (La Toilette ou Après le bain), 1858-1860, craie rouge sur papier
Étude de femme nue étendue, tournée vers la droite, vers 1862-1863, sanguine sur papier
Femme en costume oriental étendue sur un lit, vers 1862-1868, aquarelle et encre de Chine avec rehauts de gouache sur papier

Manet / Degas au musée d'Orsay
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Manet / Degas au musée d'Orsay
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Edgar Degas :

Femme nue debout, bras levé (étude pour Scène de guerre au Moyen  Âge), 1864-1865, crayon noir et estompe sur papier
Admiration, vers 1877-1880, monotype rehaussé de pastel
Femme nue accroupie, de dos, vers 1876, pastel sur monotype
Le Tub, 1886, pastel sur carton

Manet / Degas au musée d'Orsay
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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 08:00

Entre deux expositions, quelques images d'un long week-end dans le Val-de-Loire, en commençant par Beaugency et son pont aux 23 arches, long de 460 mètres, dont les éléments les plus anciens remontent au XIVe siècle.

Images du Val de Loire
Images du Val de Loire

Son donjon, dit Tour César, emmotté à l'origine et ceint d'une chemise, édifié par Lancelin 1er, seigneur de Beaugency, entre 1015 et 1030 avec 3 niveaux...

Images du Val de Loire

et l'église Notre-Dame, ancienne abbatiale construite au XIIe siècle et restaurée en 1642, avec son chevet roman et sa belle gloire presque dissimulée au fond d'un des bas-côtés.

Images du Val de Loire
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Le bourg de Montlivault, avec son église Saint-Pierre du XIIe siècle, avec un clocher du XVe autrefois fortifié...

Images du Val de Loire
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et son château construit vers 1610 par Jacques Lemaire , trésorier des menus plaisirs du roi Henri IV. Un petit pont surplombe la rue pour rejoindre la partie sud du parc.

Images du Val de Loire
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Sur la rive opposée du fleuve, le château de Ménard, construit au XVIIe siècle, remanié au XVIIIe notamment lorsqu'il a appartenu à Mme de Pompadour qui y a fait intervenir l'architecte Gabriel. Jacques-Germain Soufflot y est aussi intervenu, lorsque le château est passé entre les mains du frère de la marquise de Pompadour. Ce domaine très beau, mais aussi véritable gouffre financier, a souvent changé de mains depuis, la dernière fois en 2022.

Images du Val de Loire

En nous éloignant un peu des bords de Loire sur la rive gauche, un regard sur le château de Fougères-sur-Bièvre, au coeur du bourg, demeure seigneuriale de la fin de l'époque gothique très peu remaniée. De la première construction en date du XIe siècle, ne reste que le donjon. Il fut reconstruit de 1475 à 1483 et constitue un bel ensemble.

Images du Val de Loire
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La courtine d'entrée est une imposante porte fortifiée prise entre deux tours rondes.

Images du Val de Loire
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En s'éloignant encore un peu plus du fleuve, cette fois sur le rive droite, poussons jusqu'à Sargé-sur-Braye, au coeur du pays du Roussard.

Le grès roussard est un grès grossier à ciment ferrugineux issu de la cimentation des Sables du Maine après le retrait de la mer à la fin du Crétacé. Sa couleur caractéristique marque les bâtiments de cette petite zone située autour de Mondoubleau (Loir-et-Cher) et leur donne une touche particulière.

Sargé-sur-Braye comporte deux belles églises : l'église Saint-Cyr (XIIe-XVIe siècle) avec un cadran solaire sur la façade un campanile au curieux jaquemard, et des contreforts en grès roussard.

Images du Val de Loire
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Mais c'est surtout la petite église Saint-Martin qui va retenir notre attention : le village était divisé en deux paroisses bien distinctes, du moins jusqu'à la Révolution française : Saint-Cyr, sur la rive gauche s'étendait sur le bourg lui même. Saint-Martin, dont l'église est pourtant bâtie coté bourg, administrait la campagne.

De son origine carolingienne, Saint-Martin n'a conservé qu'un reste de mur au nord-est et la moitié d'une étroite fenêtre. L'édifice roman du Xle siècle a lui-même été remanié et agrandi au Xlle. La façade s'orne d'une grande et belle fenêtre percée au XVe siècle et d'un charmant caquetoire plus récent.

Images du Val de Loire
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L'intérieur du sanctuaire, d'architecture très simple, abrite des fresques de la fin du XIVe siècle, début du XVe. S'y tient une intéressante exposition sur le "Pays du Roussard".

Images du Val de Loire
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La nef est couverte d'un lambris à entraits et poinçons apparents et sculptés qui a conservé sa décoration peinte d'arabesques

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Peint sur la voûte du chœur, un Christ en majesté, et un calendrier naïf remarquable, évoquant "les travaux et les jours" de cette époque.

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Janvier à Juin

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Juillet à Décembre

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Quelques autre images du Pays du Roussard :

- les contreforts de l'église Saint-Germain de Rahay 
- la façade de l'église Saint-Médard de Saint-Marc du Cor
- le château de Baillou, avec les chaînages et les encadrements en roussard de son aile droite

Images du Val de Loire
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et toujours à Baillou, l'église Saint-Jean-Baptiste

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et son beau portail Renaissance

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Terminons en revenant sur les rives de la Loire, à Amboise, où le château royal semble veiller sur le fleuve.

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