Walker Evans
Belle rétrospective au Centre Pompidou d'un photographe américain des plus marquants du 20ème siècle, Walter Evans (1903 - 1975)
Si son oeuvre photographique est profondément ancrée dans l'observation de la vie quotidienne et reflète l'Amérique profonde, Walker Evans a été marqué par le séjour qu'il effectua à Paris dans les années 20, avec l'ambition de se consacrer à l'écriture. Il suivit un cursus de langue et civilisation française à la Sorbonne, s'exerça à la traduction de Cendrars, Gide, Baudelaire.
La rétrospective retrace la totalité de la carrière de l’artiste à travers plus de 300 tirages d'époque. Elle accorde également une large place aux collections de cartes postales, de plaques émaillées, d’images découpées réunies par Walker Evans tout au long de sa vie.
De retour à New York en 1927, ayant décidé de devenir photographe, ses premiers clichés font une large part aux techniques de la plongée, la contre-plongée, le gros plan, le décadrage, la surimpression ou les jeux graphiques. Son style, d'après les commissaires de l'exposition, "relève de ce qu’il faut bien qualifier, malgré l’apparente contradiction, d’un modernisme photographique des plus classiques".
C’est à travers deux rencontres décisives que Walker Evans sortira de ce "modernisme classique", celle de Lincoln Kirstein qui lui propose début 1931 de l’accompagner pour photographier l’architecture victorienne du nord-est des États-Unis et celle de Berenice Abbott, photographe de grand talent, qui lui fait découvrir fin 1929 les clichés du vieux Paris d’Eugène Atget. En citant toujours les commissaires, "Evans découvre un domaine qu’il ne cessera plus jamais d’explorer : celui de la culture populaire, domestique et utilitaire, c’est-à-dire vernaculaire."
Architectures victoriennes
Façades, affiches, signes...
Torn Movie Poster (1930), Highway Corner Reedsville, West Virginia (1936), Roadside Stand near Birmingham, Alabama (1936) Garage, Atlanta, Georgia (1936) Christ or Chaos (1943)
Le peuple des humbles...
Ces photographies proviennent d'un voyage à la Havane en 1933 et de la mission qu'il effectua en compagnie de l’écrivain James Agee de 1935 à 1937 pour la Farm Security Administration (FSA), un programme gouvernemental du New Deal destiné à venir en aide aux cultivateurs les plus touchés par la crise économique. Citons encore les commissaires : Walker Evans "ne cherche surtout pas à faire de l’art, mais plutôt à documenter la résilience ou la dignité humaine face à l’adversité. À de rares exceptions près, qui révèlent les limites d’Evans face à la souffrance, ses photographies ne sont pas volées. Les personnes qu’il photographie participent à la construction de leur image en regardant le photographe, son objectif, et par-delà ceux qui bientôt les dévisageront."
Ruines
Stamped Tin Relic (1929), Louisiana Plantation House (1935) Negro Barbershop Interior, Atlanta (1936), Corrugated Tin Facade (1936), Ringling Bandwagon, Circus Winter Quarters,Sarasota (1941)
Portes, Monuments, Églises
Ionic Doorway, New York State (1931), Doorway, 204 West 13th Street, New York City (1931), Doorway, Greenwich Village, New York (1934), Gravestone (Crystal Springs) Mississipi (1935), Mainstreet of Pennsylvania Town (1935)
Negroes Church, South Carolina (1936), Untitled, Church (1936), Wooden Church, South Carolina (1936), Church, Georgia (1936)
Masques, outils
Quatre planches du portefeuille African Negro Art (1935)
Bricklayers Pointing Trowel by Marshaltown Trowel Co, $1.35 (1955)
Terminons sur ces portraits de citadins pris à l'improviste, caractéristiques de Walker Evans, qui en a pris plusieurs séries.
Bridgeport (1941)
Six clichés des Detroit Pedestrians (1946)
Corner of State and Bridgeport Streets, Chicago (1947)
...et quelques photographies des passagers du métro new-yorkais, entre 1938 et 1941.
Walker Evans "opère avec un petit appareil dissimulé dans l’échancrure de son manteau. La série sera partiellement publiée en 1955 et 1962 dans des revues, exposée au MoMA en 1966 et éditée sous la forme d’un livre la même année. À la différence d’un portraitiste classique, Evans ne choisit pas ses sujets en fonction d’une particularité, ce sont les passagers eux-mêmes qui viennent « inconsciemment s’asseoir devant une machine fixe et impersonnelle ». Par le dispositif mis en place, puis par le recadrage des images serrées sur le visage, il transforme ainsi le wagon du métro en une cabine de Photomaton, le processus photographique le plus neutre et automatique qui soit."