Sur la Tamise (III), Henley on Thames
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Au risque de lasser le lecteur, nous ne pouvons mettre fin à la chronique de notre remontée de la Tamise sans consacrer encore un billet à la charmante cité de Henley, capitale mondiale des sports de rame, illustrée ici par Raoul Dufy dans une aquarelle présentée au musée local.
Quittant notre amarrage dès le matin, croisant toujours des demeures imposantes, de plus ou moins bon goût, des animaux variés - pas toujours des palmipèdes - et d'improbables esquifs, la partie gauche du fleuve commence à se couvrir des rameurs - ou plutôt de rameuses, annonçant l'arrivée sur Henley.
Longeant les entrainements et compétitions, déjà très animés ce vendredi, nous traversons la cité...
...et amarrons la péniche un peu en amont, le long d'une promenade qui nous ramène au centre.
Henley possède un musée consacré à la Tamise et aux sports de rame. Une partie spécialement dédiée aux enfants retrace les aventures des personnages animaliers du roman "Le vent dans les saules" The Wind in the Willows, de Kenneth Grahame, grand classique de la littérature enfantine publié en 1908 et dont l'action se déroule au bord de la Tamise.
La partie consacrée aux sports de rame est très riche et intéressante, tournée à la fois vers l'olympisme et la vie sociale des régates de Henley.
Comme dans tous les musées, des groupes d'élèves. Dans la partie consacrée à la Tamise, la livrée traditionnelle des Royal Watermen, qui escortent encore aujourd'hui la reine dans ses déplacements officiels sur la Tamise, ou même en carrosse dans les grandes occasions...
La ville de Henley comporte une artère principale qui monte de la Tamise au vieil hôtel de ville en passant par l'église, de vieilles maisons élisabéthaines (la première du nom...), d'anciennes brasseries...
Pour conclure, une dernière famille de palmipèdes : nous nous sommes bien gardés d'approcher le nid de cygnes, ne voulant pas nous exposer à commettre une criminal offence...
Sur la Tamise (II), de Windsor à Cliveden
Nous poursuivons notre remontée de la Tamise à bord de la péniche de nos amis.
Laissant derrière nous Windsor, nous abordons la première écluse, Boveney Lock ; toujours de très belles demeures au bord du fleuve, de plus en plus imposantes semble-t-il, avec le bateau à l'embarcadère ou mieux dans une boat-house assortie.
De nombreux pêcheurs également, des marques de crue au bord d'une écluse (à l'intention de certains lecteurs récemment éprouvés par la crue de la Seine), les anciens studios Bray qui ont vu le tournage de certaines scènes d'Alien ou celui de The Rocky Horror Picture Show et sont à présent menacés de destruction par un promoteur immobilier.
Après la traversée de Maidenhead, puis d'une écluse particulièrement active, nous apercevons le but de l'excursion du deuxième jour, le château de Cliveden qui domine la Tamise.
Après avoir garé la péniche au bord du sentier de randonnée qui y mène, nous suivons ce dernier - orné d'une reproduction de l'époque où les berges de la Tamise étaient moins boisés - en laissant de côté des vestiges de l'ancien embarcadère du château et des cottages qui en dépendaient, comme celui du docteur Ward, célèbre protagoniste du scandale Profumo dans les années 60...
...pour atteindre la pelouse monumentale qui s'étend devant l'imposante bâtisse.
Le premier château fut construit en 1666 par George Villiers, 2ème duc de Buckhingam, puis passa de main en main, avec quelques avatars architecturaux - perte des deux étages supérieurs du bâtiment principal, ajout d'ailes, d'un château d'eau, incendies et reconstructions... jusqu'à la famille Astor, dernier propriétaire privé. Le domaine est à présent la propriété du National Trust, qui le loue à un groupe hôtelier de luxe.
Dans les dépendances, au-delà de la monumentale fontaine qui clôt la perspective principale de l'entrée de l'hôtel-château, un lévrier qui fait la sieste (pour nos lectrices amies de bêtes), et un Water Garden avec une pagode pour faire référence au titre de ce blog.
En redescendant vers le bateau, des paysages très bucoliques et toujours des palmipèdes...
Nous mouillerons pour la nuit en campagne, après ce beau village et cette église à la tour normande qui semble veiller au bord du fleuve depuis des siècles...(à suivre)
Sur la Tamise, de Staines à Windsor
Le blog vous invite aujourd'hui à remonter la Tamise, comme nous l'avons fait sur la péniche de nos bons amis pendant ces derniers jours. Nous les avons rejoints à Staines où, sous un soleil très britannique, elle était amarrée face au Swan, un vieil hôtel, et avons pris nos quartiers à bord avant de commencer la remontée
Après quelque miles de navigation, la première écluse se présente. Elle est en libre service, aussi faut-il s'amarrer en aval et aller la vider pour y entrer.
Sur notre chemin, d'autres péniches, souvent étroites à la forme caractéristique, une péniche à voile, d'une modèle aujourd'hui à peu près disparu, des bateaux promenade avec des excursionnistes...Sur la prairie de Runnymede, face à l'île où fut signée en 1215 la Magna Carta, arrachée à Jean-sans-Terre par les barons, on aperçoit le mémorial édifié en 1957 par l'American Bar Association.
Beaucoup de palmipèdes également sur notre chemin, avant d'atteindre la vielle écluse de Windsor.
Un peu plus loin, la Tamise longe, sur la rive droite, le grand parc du château de Windsor, dont l'imposante silhouette se profile au loin.
Il ne reste qu'à passer l'écluse de Romney pour atteindre Windsor. Le pavillon royal qui flotte sur la tour du château nous indique que la reine y séjourne actuellement, probablement à l'occasion des courses du Royal Ascot. Nous mouillons pour la nuit près du pont, entourés par les cygnes.
La cité de Windsor semble tout entière structurée autour du château, y compris l'ancienne gare royale, avec sa reproduction de la locomotive qui tractait le train de Victoria.
En traversant le vieux pont, on arrive à Eton, toute tournée, elle, vers le fameux College, avec ses vieilles maisons, ses librairies, ses boutiques de tailleurs spécialisés dans les uniformes des pensionnaires.
Au bout de la rue, le College avec sa chapelle, entouré de boarding houses.
De retour vers le bateau, on aperçoit depuis la rive "etonienne" ce dernier au pied du château de Windsor, prêt à partir le lendemain matin pour de nouvelles découvertes.
Paris au printemps
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La période des examens est terminée, les heureux lauréats comme l'auteur, désormais diplômé en chinois - à un modeste niveau encore mais par une institution prestigieuse - peuvent profiter du printemps qui semble à présent régner à Paris après les inondations...
Après avoir dépassé les pompiers de la brigade fluviale occupés à nettoyer et faire sécher le matériel entreposé dans leurs locaux submergés...
...on découvre la passerelle des Arts débarrassée des cadenas qui en étaient venus à la défigurer et désormais munie de rambardes vitrées aux lignes épurées qui en empêcheront le retour. Sur la passerelle, une exposition très bien mise en scène de sculptures de Daniel Hourdé.
Les statues de bronze de l'artiste, comme Colin-maillard (2008) qui ouvre l'expo côté rive gauche sont mises en scène avec des œuvres récentes en acier poli comme cet arbre de 2016.
Ce scénario se retrouve dans chaque groupe de statues tout au long du pont, ainsi...
...ou encore...
L'exposition n'empêche pas les jeunes mariés venus de Chine (encore une allusion au titre du blog) de se mettre en scène dans le cadre romantique...
Un dernier regard sur la passerelle avant de traverser le quai...
...pour se rendre dans la cour carrée du Louvre où se dresse un étrange édicule, installation d'Éva Jospin inspirée des panoramas en vogue au XVIIIème siècle en écho à l'exposition consacrée par le Musée au peintre Hubert Robert.
En pénétrant dans l'édifice, on débouche sur un alignement circulaire de troncs, de branches et de rochers, trompe-l'œil en carton, matériau de prédilection de la plasticienne.
Le reflet des façades de la Cour carrée sur les parois extérieures en acier poli de l'installation en fait aussi l'intérêt.
Un regard enfin sur l'installation qui fait le buzz, l'escamotage par anamorphose de la pyramide de Pei par JR...
La Terre, le Feu, l'Esprit
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Cette exposition au titre un peu pompeux - mais le sous-titre Chefs-d'œuvre de la céramique coréenne vient en expliciter le propos - est d'une très belle et reposante simplicité. Elle permet de découvrir un art longtemps méconnu en France, car les céramiques coréennes, du fait de la fermeture du pays à partir du 16ème siècle, ne s'exportaient pas, contrairement à celles de Chine et du Japon : il a fallu attendre les années 1880 pour qu'elles commencent à entrer dans les collections françaises comme le musée de Sèvres ou le musée Guimet, et surtout l'exposition universelle de 1900 à Paris à laquelle la Corée participait. Depuis que la Corée du Sud est devenue une puissance industrielle majeure, l'art et les artistes coréens jouissent d'une plus grande notoriété.
Culture ancestrale et poterie
Les plus anciennes pièces présentées sont des poteries tendres, s'étageant entre le néolithique et l'âge de fer. Mais à partir de la période des Trois Royaumes (57 av. JC-668) les températures de cuisson dépassent les 1000°C.
Des formes et des couleurs tout en élégance : le céladon de Goryeo
Produit pour la première fois au Xème siècle après l'importation de techniques chinoises, le céladon de Corée prit son propre essor et sa glaçure couleur de jade fut bientôt considérée comme la meilleure en Asie, selon les archives de la dynastie Song en Chine.
Modération et libération : le buncheong
Le buncheong est un type de céramique propre à la Corée, intermédiaire entre céladon et porcelaine blanche, formant un pont entre le céladon d'époque Goryeo et la porcelaine blanche de l'époque Joseon. Bien que sa production occupe une période relativement courte, environ 200 ans, le buncheong présente toujours un grand intérêt.
Petit clin d'œil en relation - une fois n'est pas coutume - avec le titre de ce blog, deux pages d'écriture chinoise, extraites de deux cérémoniaux datant respectivement du 18ème et du 19ème siècle. L'écriture coréenne actuelle, le hangeul, est un alpha-syllabaire créé vers 1443 sous Sejong le Grand, mais interdit à partir de 1504 par son successeur Yeonsangun au profit des hanja - appellation en coréen des caractères chinois. L'alphabet hangeul - car il ne s'agit pas d'idéogrammes comme les hanja - n'a été réhabilité qu'en 1894 et officialisé à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Dommage pour l'auteur du blog, qui bien que ne comprenant pas le coréen, est capable de déchiffrer peu ou prou ces cérémoniaux !
Avant de passer à la porcelaine blanche, plus classique, admirons encore quelques beaux specimen de buncheong...
Propriété et dignité : la porcelaine blanche
Les céramistes de l'époque Joseon, influencés par la production chinoise des Yuan et des Ming, se mirent à créer un nouveau type de porcelaine blanche et dure, qui devint immédiatement le matériau de prédilection de la Cour, puis des lettrés, formant l'aristocratie, puis des couches aisées de la population.
L'exposition - et ce billet - se termine avec des créations qui montrent ce que peut donner la collaboration entre un céramiste traditionnel et un artiste contemporain.
Yeesookyung : Translated Vase (tessons de céramique, époxyde, feuilles d'or 24 cts) - 2015
et l'œuvre magistrale de Shin Sangho, Wrap (céramique émaillée) - 2009 qui représente un autre symbole important de la tradition coréenne, le jogakbo, ou patchwork.
Maria Helena Vieira da Silva - L'espace en jeu

Complétons notre billet sur le musée de Céret avec un regard sur l'exposition temporaire qu'il abrite ce printemps. Le Portugal est décidément à l'honneur cette saison (voir nos billets sur Amadeo de Souza Cardoso ) puisqu'elle est consacrée à Maria Helena Vieira da Siva, née à Lisbonne en 1908 et morte à Paris en 1992. Quand bien même elle a fait pratiquement toute sa carrière à Paris - avec un intermède au Brésil entre 1939 et 1947, avec son mari - et a été naturalisée française en 1956, elle partage avec Amadeo non seulement ses origines, mais une facilité à jouer d'un peu tous les styles en y apportant une touche très personnelle et un jeu des couleurs très attachant.
Installée à Paris dès 1928, elle y rencontre le peintre hongrois Arpad Szenes, ils se marient en 1930 et formeront tout au long de leur vie un des couples les plus célèbres de la peinture contemporaine. De cette époque, un portrait de Maria Helena par Arpad et un autoportrait.
En admirant au passage la luminosité de l'architecture du musée de Céret, nous allons vers les salles consacrées aux années 30 et 40
Quelques toiles d'Arpad Szenes comme ce Portrait de Maria Helena de 1940 ou Dans l'atelier de Sylvestre de 1943 mettent en parallèle le parcours des deux artistes
Toujours de cette époque, des œuvres toujours figuratives et variées, parfois marqués par la nostalgie de l'exil eu Brésil comme dans Les Noyés (1943)
Maria Helena sa tourne de plus en plus vers l'abstraction, tout en gardant sa palette si subtile
Les grandes salles lumineuses du musée offrent un cadre idéal aux grands tableaux abstraits des années 50 et 60 de Maria Helena, à commencer par cette Fête bretonne de 1952
Arrivons aux années 70 et 80, en commençant par Estuaire bleu (1974)
La créativité de Maria Helena s'est exprimée jusqu'à la fin de sa vie, comme dans Voyages aux confins (1986) , au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, ou Vers la lumière (1991) , sans doute l'un de ses derniers tableaux.
Musée d'art moderne de Céret
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Une fidèle lectrice de ce blog ayant mentionné dans un commentaire le musée de Céret, il nous semble nécessaire d'évoquer cette petite sous-préfecture des Pyrénées Orientales, célèbre pour ses cerises, dont un cageot est traditionnellement offert chaque printemps au Président de la République, et pour son musée d'art moderne créé en 1950 par Pierre Brune et Frank Burty Haviland. La ville avait en effet accueilli au début du XXème siècle deux vagues successives d'artistes, ceux de Montmartre et du Bateau-Lavoir entre 1910 et 1916, puis ceux de Montparnasse et de la Ruche de 1916 à 1945. La veuve d'un collectionneur local ayant donné à la ville les tableaux achetés aux artistes de passage, l'idée est venue à ces deux artistes de faire appel à tous les artistes ayant séjourné et créé à Céret, appel couronné de succès grâce notamment à l'appui de Picasso et de Matisse. Une importante collection a pu être montée et un musée ouvert dès 1950 par la municipalité dans les locaux d'un ancien couvent. Le musée actuel résulte d'un agrandissement considérable décidé dans les année 1980, il a ouvert ses portes en 1993.
Dès l'entrée dans le boulevard qui conduit au musée, une lumière et un charme indéfinissables permettent de comprendre l'attrait que Céret a exercé sur les artistes, sans même s'aventurer dans les venelles étroites de la vielle ville, serrées autour de l'église Saint-Pierre.
L'entrée du musée et la montée vers l'exposition temporaire. Nous nous contenterons dans ce billet de donner un aperçu des collections permanentes...
A l'entrée des collections permanentes, une sculpture de Miro
Les tableaux représentant Céret et les environs sont variés et d'auteurs souvent peu connus, mais toujours très agréables à regarder, surtout lorsqu'on est "sur site"...
D'Auguste Herbin, cette toile de 1913 et cette aquarelle de 1923
André Masson (1919)
On retrouve les platanes du Boulevard Joffre avec Arbit Blatas, Jean Marchand et Potzno Glika
Des aquarelles de Max Jacob (1910) et Raoul Dufy (1940), des tableaux de Pinkus Kremegne et de Manolo Hugué
Picasso est très présent, avec ce portrait de Corina Pere Romeu (1902), cette Nature morte au crâne et au pichet de 1943, ou cette autre toile sur un thème voisin, dédiée spécialement au musée, ainsi que de nombreuses céramiques. Il faut savoir que le musée abrite aujourd’hui 78 pièces de Picasso dont 57 offertes par l’artiste.
Un dernier coup d'œil sur les collections permanentes, avec Chagall, Dufy, cet Atelier au nu de dos de Maurice Loutreuil...
...et les vitrines qui abritent de nombreuses petites sculptures.